Photo Cristian von Angerer, CIO chez Inyova © Inyova

Au cours des dernières décennies, la Chine est devenue un acteur important dans le domaine des énergies renouvelables. Déjà leader du marché dans le secteur de l’énergie solaire, le pays augmente désormais sa part de marché dans la fabrication d’éoliennes et la production de batteries pour véhicules électriques^[1], mettant ainsi la pression sur les producteurs européens. Les entreprises chinoises produisent et vendent aujourd’hui cinq fois plus de turbines éoliennes par an que les producteurs de l’UE^[2].

Malgré la crise énergétique actuelle, les fabricants de turbines éoliennes en Europe sont actuellement sous pression. Des emplois sont supprimés^[3] et les entreprises risquent de perdre des parts de marché au profit de la concurrence chinoise. Les raisons de cette évolution sont avant tout les pénuries persistantes dans les chaînes d’approvisionnement (liées à l’ancienne politique « Zero Covid » et à la forte augmentation récente du nombre de cas de Covid en Chine), la guerre entre la Russie et l’Ukraine et l’augmentation des coûts des matières premières telles que l’acier et le cuivre depuis 2020. Mais les fabricants sont également confrontés à des procédures d’attribution et d’autorisation rigoureuses et fastidieuses. A cela s’ajoute le fait que les producteurs chinois ont acquis au fil du temps un avantage concurrentiel par rapport à leurs concurrents européens – alors que les prix des turbines chinoises baissent depuis 2020, malgré l’inflation des matières premières, les prix mondiaux ont en moyenne augmenté depuis lors. Cela est dû au fait que les producteurs chinois ont mis en place une chaîne d’approvisionnement plus efficace, plus concentrée et moins coûteuse. Par ailleurs, les producteurs chinois n’ont actuellement pas besoin de se développer à l’international en raison de la demande domestique^[4].

Nordex, Ørsted et Vestas bien positionnés

Malgré cela, certains producteurs européens sont bien placés pour l’avenir. Cela s’explique d’une part par les progrès technologiques et d’autre part par la prise de conscience croissante par les citoyens et les gouvernements en Europe de la nécessité des énergies vertes. L’un des pionniers de la production de séries d’éoliennes terrestres vient d’Allemagne. Nordex développe, produit et commercialise des éoliennes dans le monde entier depuis 1985. En 2021, l’entreprise a pu transformer 100 % de sa production en énergies renouvelables. Entre-temps, l’entreprise a installé des éoliennes dans plus de 40 pays et fait partie des 10 plus grands fabricants au monde. En 2020, les éoliennes fabriquées par Nordex ont permis d’économiser environ 60 millions de tonnes d’émissions de CO2.  

Ørsted et Vestas figurent également parmi les entreprises leaders et sont donc compétitives dans ce domaine. Ørsted est l’une des plus grandes entreprises du secteur de l’énergie éolienne. Elle produit et exploite des éoliennes pour une utilisation onshore ou offshore et gère également des parcs solaires ainsi que des installations pour la production de bioénergie et d’hydrogène vert. En 2020, Ørsted a été élue comme l’entreprise la plus durable au monde. L’une des raisons en est la réduction de 80 % des émissions de CO2 depuis 2006. Elle est de plus la seule entreprise énergétique au monde à avoir un objectif d’émissions nettes nulles basé sur la science, objectif confirmé par la Science Based Targets Initiative. Un changement incroyable pour une entreprise qui était auparavant responsable d’un tiers de toutes les émissions de CO2 du Danemark. En effet, l’activité principale d’Ørsted, autrefois appelée DONG (Danish Oil and Natural Gas), consistait à produire de l’énergie grâce au pétrole et au gaz. En 2017, les activités pétrolières et gazières ont été définitivement abandonnées et l’accent a été mis sur les parcs éoliens offshore. Les investisseurs ainsi qu’Ørsted ont réalisé que la production d’énergie éolienne représentait à long terme une concurrence sérieuse pour l’industrie des combustibles fossiles.

Mais les aspects financiers et la technologie future ne sont pas les seuls moteurs de l’entreprise. Le président du conseil d’administration, Henrik Poulsen, a pour vision d’approvisionner le monde entier en énergie verte. Et les activités d’Ørsted invitent à considérer cela comme un objectif sérieux. Avec une part de marché de 25 % dans l’industrie éolienne offshore, Ørsted est un choix intéressant pour les investisseurs. 

Vestas est l’une des entreprises les plus connues dans le domaine de l’énergie éolienne. Fondée au Danemark à la fin de la Seconde Guerre mondiale, cette entreprise familiale est, depuis les années 70, un précurseur technologique dans la production d’électricité à partir de l’énergie éolienne. Les éoliennes de Vestas comptent parmi les modèles les plus efficaces disponibles sur le marché et sont constamment déployées dans de nouvelles régions. En 2021, Vestas a fourni de l’électricité éolienne à plus de 86 pays. Dès 2018, elle a été la première entreprise au monde à installer des éoliennes d’une puissance totale de 100 GW. Dans des conditions parfaites, cela suffirait à alimenter 12,5 % de la consommation totale d’énergie de l’UE. Mi-2022, Vestas était toujours leader du marché. 

Vestas fait toutefois l’objet de quelques controverses. Depuis 2012, l’entreprise est impliquée dans un projet de parc éolien au Kenya, dans le cadre duquel des terres auraient été obtenues illégalement auprès de la population locale. En 2021, la faute a été attribuée aux autorités compétentes, mais il a également été mentionné que les entreprises impliquées n’avaient pas respecté leur devoir de diligence. Des discussions sont en cours avec les communautés concernées afin d’atténuer les effets négatifs. Enfin, du gaz SF6 (hexafluorure de soufre) est généralement utilisé pour la construction des éoliennes. Ce gaz a un effet de serre 23,500 fois plus important que le CO2 et les fuites sont fréquentes. Vestas recherche activement des alternatives dans ce domaine.

^[1] S&P Global (2022). Les éoliennes chinoises de plus en plus bon marché pourraient ouvrir de nouveaux marchés. https://www.spglobal.com/marketintelligence/en/news-insights/latest-news-headlines/china-s-increasingly-cheap- wind-turbines-could-open-new-markets-72152297

^[2] Mobility Foresight (2021). Marché européen de l’énergie éolienne 2021-2026. https://mobilityforesights.com/product/europe-wind-energy-market/

^[3] https://www.ft.com/content/0e747284-64da-4690-b416-3acabaaf4943

^[4] S&P Global (2022). Les éoliennes chinoises de plus en plus bon marché pourraient ouvrir de nouveaux marchés. https://www.spglobal.com/marketintelligence/en/news-insights/latest-news-headlines/china-s-increasingly-cheap-wind-turbines-could-open-new-markets-72152297 et Financial Times (2021). European wind industry ‘struggling’ with rising costs. https://www.ft.com/content/0e747284-64da-4690-b416-3acabaaf4943

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