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Par Nabil Hatimy, Head of Clients Delivery & Partnerships at Indigita SA
Il s’agit de l’un des acronymes les plus utilisés aujourd’hui dans le monde financier : ESG, qui signifie Environnement, Social et Gouvernance. Ces trois lettres représentent un cadre utilisé pour décrire la durabilité et l’impact éthique d’une entreprise ou d’un investissement. Le concept ESG trouve son origine dans diverses sources, notamment l’Accord de Paris et plusieurs initiatives des Nations Unies, telles que le Programme des Nations Unies pour l’Environnement.
Au cours des dernières années, le cadre ESG et les valeurs qui y sont associées ont régulièrement gagné en importance au sein de l’industrie financière en raison de la sensibilisation accrue des investisseurs, en particulier des jeunes générations, au changement climatique, à la limitation des ressources naturelles et à l’importance des pratiques durables et éthiques.
Pour être applicables dans le domaine de la finance, les critères ESG doivent être traduits en scores et en points de référence tangibles. Cette tâche est confiée à des fournisseurs spécialisés dans l’analyse de données, qui procèdent à des évaluations ESG. Ces évaluations portent sur les entreprises et leurs produits financiers individuels, tels que les obligations et les actions. Chaque entreprise et ses instruments financiers se voient attribuer une note ESG sur la base d’un large éventail de paramètres, qui rendent compte de son impact et de ses performances sur le plan environnemental, social et de la gouvernance.
L’objectif principal de la publication des notes ESG est d’aider les investisseurs à identifier et à évaluer les implications durables et éthiques des différentes options d’investissement sur la base d’une approche de mesure standardisée. Les banques et les institutions financières reconnaissent de plus en plus l’importance de la notation ESG pour leur gestion des risques, l’identification des opportunités d’investissement et la formulation de stratégies d’investissement centrées sur les considérations ESG.
Si la notation ESG offre de nombreux avantages en théorie, sa mise en œuvre constitue un défi. En effet, les critères utilisés pour établir une notation ESG n’ont pas encore été officiellement définis par une autorité reconnue. Pour l’investisseur final, cela crée une situation où la véritable qualité ESG d’un produit financier suggéré peut rester incertaine, malgré l’existence d’une note ESG. L’absence de critères formellement définis pour établir un score ESG a entraîné une concurrence entre les fournisseurs de données, qui s’efforcent d’offrir aux institutions financières des solutions qui s’alignent sur leurs offres de produits existantes. L’objectif est d’éviter une refonte complète des produits tout en fournissant des indicateurs ESG fiables et crédibles. Dans certains cas, cela a conduit à un phénomène connu sous le nom d’écoblanchiment, où les critères d’évaluation sont modifiés de manière que certains produits, services ou entreprises paraissent plus respectueux de l’environnement ou de la société qu’ils ne le sont en réalité.
Les organismes de réglementation du monde entier ont reconnu l’importance de favoriser la transparence autour du thème ESG sur les marchés financiers. Plusieurs initiatives ont été lancées dans le but d’établir des cadres réglementaires pour une intégration et un reporting plus clairs. Mais en raison de la rapidité du développement de l’espace ESG, le monde financier se retrouve régulièrement en avance sur les efforts réglementaires, qui impliquent une coordination complexe entre les régulateurs nationaux et supranationaux. C’est pourquoi, à ce jour, les institutions financières et les investisseurs restent confrontés à un niveau élevé d’incertitude et à un manque de clarté concernant les investissements ESG. Des orientations formelles et des positions officielles émanent actuellement de diverses parties, telles que l’Autorité fédérale des marchés financiers (FINMA) et des organismes d’autorégulation comme l’Association des banques suisses, mais elles sont émises en l’absence d’un cadre juridique pleinement défini. Pour les institutions et les investisseurs opérant dans un contexte transfrontalier, ce maillage d’interprétations, de positions et d’orientations locales ajoute encore à la complexité étant donné que la règlementation ESG dans l’espace économique où se situe l’établissement ne correspond pas nécessairement à la réglementation du pays de domicile du client.
L’idée de faire des critères ESG un aspect important des décisions d’investissement est une approche louable pour encourager les investissements financiers qui contribuent à un avenir meilleur. Cependant, la mise en œuvre de cette idée s’accompagne de défis importants concernant l’effectivité et la cohérence des critères ESG en termes de notation, de transparence et de sensibilisation des investisseurs finaux. Pour réussir à mettre en œuvre des produits, des services et des stratégies d’investissement fondés sur les critères ESG dans un environnement aussi complexe, les institutions financières et les investisseurs doivent s’appuyer sur des partenaires expérimentés et des solutions technologiques qui ont fait leurs preuves dans le domaine ESG. S’associer avec les bons experts garantira une gestion précise des données, un reporting sans faille et une exécution efficace des activités. Malgré toute l’ambiguïté entourant sa mesure et sa définition, l’ESG répond toujours à un besoin de plus en plus relevant pour les investisseurs et les entreprises de lier la performance financière à un impact positif sur notre planète et notre société.
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