NOTRE BUREAU DE TRAVAIL, AVANT LES VACANCES ET APRES

16 août 2015

NOTRE BUREAU DE TRAVAIL, AVANT LES VACANCES ET APRES

  • Nous avons envie de le laisser en plein désordre pour tout le temps que dureraient nos vacances d’été, nous voulons le planter là sans même lui jeter un regard d’adieu, nous sommes même tentés de déverser notre dernière (avant les vacances) tasse de café sur les dossiers qui l’encombrent et qui nous avaient fait tellement stresser et suinter tout au long de l’année – et pourtant… Pourtant, nous ne pouvons pas nier l’évidence : nous sommes unis à notre bureau par des liens forts que même les vacances d’été ne peuvent sérieusement distendre ou faire faiblir. Car c’est au bureau/ office que nous passons une grande partie de votre temps et que c’est là où nous nous en tant que personnes possédant un certain nombre de compétences et de capacités.
  • Cet « espace-temps » (spatialisée, notre activité y est constamment réglée par la montre), ce lieu si particulier, nous l’investissons d’objets différents dont les uns sont censés être ces signes qui témoigneraient discrètement de nous devant nos collègues tandis que d’autres, d’une signification bien familière, doivent être là pour nous rassurer et dédramatiser notre séjour dans les locaux plutôt impersonnels de l’entreprise. Ainsi les photos de nos proches, la plante apportée directement de la maison réalisent-elles pour nous la transition entre le cocon familial et le lieu bien plus austère du travail. Il y a aussi d’autres objets qui y sont appelés à nous rassurer mais cette fois, c’est d’une autre manière. En effet, concentrés tout au long de la journée sur des tâches exigeant une grande attention, absorbés par ce travail essentiellement intérieur, nous ressentons au bout d’un moment un puissant besoin d’externalisation, une nécessité de sortir de nous- mêmes en même temps que de visualiser nos intenses efforts intérieurs. Car inconsciemment, nous mesurons la disproportion qui existe entre l’apparent et relatif calme qui entoure notre bureau et l’intense combat qui se poursuit dans notre tête pour maintenir « opérationnelles » notre concentration et notre attention, pour écrire un texte avec les mots les plus justes ou pour enfin aboutir à la solution d’un calcul très compliqué. Exaspérés donc par la disproportion entre les tourments de notre tête et le calme régnant sur notre lieu de travail, nous cherchons à investir ce lieu avec des objets qui, au contraire, témoignent de nos combats intérieurs et de notre travail intense, et cela d’une manière forte et sans équivoque !
  • C’est la raison pour laquelle nous désirons (secrètement ou moins secrètement) jalonner notre espace professionnel des traces de ce travail, en faisant traîner autour de nous des feuilles, de brouillons, des stylos, une ou deux tasses de café. Quelques années en arrière, le symbole fort de la dure journée passée au bureau était, bien évidemment, le cendrier rempli de mégots. Mais avec ou sans mégots, nous admettons tous – et même nous le souhaitons ! – un certain degré de désordre créatif sur notre bureau : il est censé renvoyer de nous l’image de personnes parfaitement absorbées par leurs tâches, fortement peinant sur elles mais les accomplissant tout de même – et avec succès, de surcroît ! Chaque objet de notre bureau est appelé à être témoin de notre travail et de ces efforts de la concentration, de la mémoire et de la réflexion dont l’intériorité nous exaspère et que nous voulons tellement faire connaître aux autres.
  • Tour à tour un « jardin secret », une sorte de « ma forteresse » mais aussi un « champ de bataille » (avant tout intérieur) et le lieu de tous nos stress et angoisses, le bureau de travail reflète notre identité professionnelle et personnelle dans toute sa vérité, intimité et profondeur. Alors, ne nous vengeons pas avant de le laisser pour partir en vacances : ne le quittons pas en un désordre encore plus grand qu’il ne l’a pas été pendant l’année et ne déversons surtout pas la tasse de café dessus.
  • Le retour des vacances, dans seulement quelques semaines, n’en aura qu’un goût encore plus amer. Faisons plutôt le contraire : préparons une rentrée sereine en rangeant soigneusement notre bureau avant la trêve d’été. Ensuite – quittons ce lieu en refusant de ressentir la joie malicieuse qui s’impose immanquablement pour cette occasion et, en nous mettant au contraire dans une disposition d’esprit de continuité et de pérennité, promettons-nous de ne pas permettre à la coupure d’être trop brutale et même (ô, chose si difficile à réaliser !) – de penser avec une certaine tendresse à notre bureau pendant les vacances.
  • Pour ceux qui sont vraiment prêts à cela (et on peut croire quel effort psychologique une telle recommandation peut exiger !), nous conseillerons aussi de prévoir à acheter pendant l’absence d’été – ou ramener d’un voyage – quelque nouvel objet qui, à la rentrée, se posera à son tour sur le bureau de travail assurant une transition très soft entre ce temps de grâce que sont les vacances et la brutale réalité du retour aux activités. La nature de l’objet en question peut être différente et aller de la papeterie pour office aux coquillages exotiques en passant par les nouvelles tasses de café achetées dans le centre commercial le plus proche. Partons donc en vacances avec l’idée de cet achat en tête et « remplissons »-nous du désir de cultiver notre bureau même en temps libre : nous serons heureux(-euses) de constater que l’univers du travail et celui des vacances ne sont pas si antagonistes et que c’est dans notre propre pouvoir de les réconcilier durablement… Ou au moins jusqu’aux vacances suivantes.

 

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