Par Stéphane Deffis
Pour terminer notre série d’article pour aider les chefs d’entreprises et financiers à mieux appréhender la gestion de trésorerie de leur entreprise, terminons en analysant l’indicateur principal qu’utilisent les financiers pour valoriser les entreprises : Le Free Cash-Flow ou FCF
Pour faire simple et bien comprendre son importance, le Free Cash Flow est ce qui rentre dans votre poche quand vous êtes propriétaire d’un business.
C’est-à-dire la trésorerie disponible générée, prête à être :
Le Free Cash Flow est la base de la méthode de valorisation DCF (Discounted FCF), utilisée pour calculer la valeur financière de n’importe quel business et en particulier les start-ups.
Certaines entreprises peuvent ainsi afficher un bon résultat mais avoir peu ou pas de Free Cash Flow disponible, car elles doivent réinvestir continuellement, pour mettre à niveau ou remplacer leurs actifs stratégiques.
Un bon exemple sont les marques automobiles qui continuellement investissent des montants importants en R&D pour inventer les modèles de demain ou créer/rationaliser leur sites de productions.
Les 3 éléments principaux qui composent le free Cash Flow sont :
On peut inclure ensuite d’autres éléments cash comme le paiement de ses impôts sur les bénéfices ou d’autres éléments cash exceptionnels enregistrés sous l’EBITDA (cession d’actifs immobilisés, frais de restructurations).
Le Free Cash Flow correspond donc à l’air que chaque entreprise respire au quotidien et qui est prêt à être redistribué en fin d’année aux actionnaires ou banquiers qui ont financé la croissance de l’entreprise.
L’air que nous respirons est riche en oxygène qui mélangé à notre alimentation fourni l’énergie aux organes du corps humain pour fonctionner.
Ainsi toute entreprise quel que soit sa taille peut facilement calculer son Free Cash Flow et devrait l’inclure comme l’un de ses indicateurs de performance financier principaux au même titre que son chiffre d’affaire et sa marge.
Malheureusement peu de PME le font car leur gestion financière est gérée par des comptables (en interne ou externe) peu familier avec cette notion de Free Cash-Flow.
En France on va même le confondre avec la CAF (Capacité d’autofinancement) légèrement différente car elle va exclure la variation de BFR dans son calcul.
Ainsi les entreprises qui utilisent le FCF comme indicateur de performance sont comme ces humains qui pratiquent une activité physique régulière, qui en sollicitant davantage le cœur (les opérations) vont produire plus de globules rouges (EBITDA), faire attention à leur alimentation (BFR) et ainsi augmenter mécaniquement leur capacité respiratoire (FCF) par une meilleure circulation d’oxygène dans leur organisme.
Ainsi quand avec la crise du coronavirus toute l’activité économique s’est subitement arrêtée au printemps, les entreprises en manque de rentrée d’argent ont été privées de leur oxygène habituel.
C’est comme si on avait mis une bougie sous cloche, on constate rapidement qu’en raison du manque d’oxygène, cette dernière va s’éteindre.
La seule solution pour les entreprises impactées par la cloche du confinement, a donc été de solliciter l’assistance respiratoire des aides et prêts garantis par les Etats afin de fournir l’oxygène nécessaire à leur survie ou développement.
Mais être sous assistance respiratoire à un coût et ceux qui s’en sortent gardent des séquelles qu’ils mettront du temps à rembourser suivant le temps passé en réanimation.
J’ai eu la chance de participer au sein du siège de Japan Tobacco International (JTI) au projet de mise en place du Market Free Cash Flow qui est l’étape ultime en termes d’optimisation de son Free Cash Flow.
Elle concerne exclusivement les multinationales qui vendent leurs produits dans le monde entier tout en les faisant fabriquer dans des dizaines d’usines à travers le monde.
En effet, JTI comme toutes les multinationales a déjà mis en place le suivi du Free Cash Flow par entité juridique depuis plusieurs années. Mais elle a constaté un problème.
Les Marchés (pays) responsables des prévisions des ventes n’étaient pas « accountable » de tous les flux de trésorerie les concernant.
Ainsi pour être sûr de toujours faire face à la demande, ils ont tendance dans leurs prévisions de ventes budgétaires à surestimer la demande, en obligeant les usines à surproduire.
Ceci impacte le niveau des stocks de l’entreprise, qui comme vu dans notre article sur BFR immobilise de la trésorerie, qui aurait pu être utilisée pour d’autres fins.
Ils ont donc profité de leur migration vers le nouvel SAP Hana pour mettre en place un nouveau Free Cash Flow par marché (MFCF).
C’est-à-dire que les principaux indicateurs du FCF soient détaillés par centres de profits (marchés) ou centres de coûts (usines-siège).
Si cela était déjà le cas pour l’EBITDA et le Capex depuis longtemps, c’était autrement plus compliqué concernant le BFR (créances clients, stocks…).
Mais lorsque nous savons que les stocks pèsent plus de 1 milliard, nous pouvons vite deviner les gains potentiels si ces derniers ont une meilleure rotation.
La mise en place de ce Market Free Cash Flow chez JTI a été faite de manière pragmatique en définissant un certain nombre de règles d’affectation dans SAP concernant des éléments du BFR.
Ces règles ont été étudiées et modifiées dans la première année post migration SAP Hana avant de valider l’utilisation de ce nouvel indicateur dans les objectifs de chaque responsable de centre de profit ou de coût pour 2021.
Ainsi dès 2021, JTI se donne les moyens d’atteindre son objectif 2030, c’est-à-dire devenir le n° 1 du marché devant Philip Morris.
En conclusion quelque soit la taille de votre entreprise si vous voulez augmenter votre trésorerie pour vous donner les moyens d’investir sereinement ne tardez pas et mettez en place dès maintenant le Free Cash Flow dans votre entreprise.
Plus vous serez familier avec ce concept, plus vous comprendrez comment valoriser votre entreprise ou acheter à bon prix de nouvelles cibles qui vous permettront d’augmenter la valeur de votre entreprise.
Si vous n’avez pas les compétences en interne pour définir ces tableaux de bord et l’automatiser depuis votre ERP/progiciel comptable, sollicitez l’aide d’un professionnel en gestion financière, le retour sur investissement sera vite trouvé.
Retrouvez notre article sur l’EBITDA ici
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