En cette période économique difficile pour la Suisse et en perspective du démantèlement annoncé de la filière nucléaire, la nécessité de développer un approvisionnement énergétique durable et propre se relève être une formidable opportunité pour l’emploi et le dynamisme de notre tissu industriel.
Dans ce contexte, la récente multiplication des initiatives « cleantech » apporte un espoir, mais sa concrétisation ne pourra intervenir que sous l’effet d’incitations et d’une législation adaptée. Les investisseurs éclairés suivront naturellement. La balle est donc avant tout dans le camp politique. Les solutions sont là, car on a de nombreux exemples de réussite dans ce domaine tels que les incitations financières étatiques pour l’installation de pompes à chaleur ou de panneaux solaires, le durcissement de la législation au niveau de l’isolation thermique des bâtiments, ou encore les prémices d’une rétribution à prix coûtant du courant injecté dans le réseau.
Mais la volonté politique tarde encore à venir et la Suisse pourrait mieux faire en comparaison internationale sur ce secteur en forte croissance. Ses investissements publics en faveur des cleantech n’ont pas dépassé la centaine de millions l’an passé, alors que les États-Unis et la Chine y ont investi plus de 100 milliards de francs à eux deux et l’Union Européenne 13 milliards selon Bloomberg.
Il s’agit donc de ne pas se laisser distancer, car nous disposons d’un atout de taille dans notre industrie orientée vers les hautes technologies combiné à la proximité d’institutions de recherche du plus haut niveau. L’arc lémanique en est un bel exemple. Dans ses mesures de luttes contre le franc fort, la confédération en a saisi l’intérêt en investissant 100 millions de francs dans la commission pour l’innovation technologique (CTI) qui soutiens des projets de recherche et développement pour les entreprises en les faisant bénéficier à peu de frais du savoir et de la capacité d’innovation des institutions de recherches helvétiques. Ces fonds seront divisés entre d’innombrables secteurs (biomédical, technique, informatique, environnement, construction, etc.) pour ne pas faire de favoritisme.
Cette perspective se défend parfaitement, mais on peut aussi considérer de manière tout à fait objective qu’un approvisionnement énergétique durable et sûr bénéficiera à tous. Et dans ce cas, il s’agit aussi de profiler le pays sur ce secteur en plein boom hors de nos frontières pour ne pas rater le coche. On peut donc souhaiter qu’un fonds spécial soit rapidement alloué à la CTI pour ces cleantech ou plus directement dans des projets impliquant des entreprises Suisses (et pas uniquement des importateurs) tant à l’échelle de la confédération que des cantons et des communes. Tous les efforts sont bons à prendre, et ce probablement pendant encore de nombreuses années. Ils devront néanmoins rapidement être épaulés jusqu’à l’échelle européenne par un réseau de distribution énergétique intelligent « smart grid » et par une application poussée de l’écologie industrielle, mais il s’agit là d’une autre histoire.
Basile Golaz collabore avec Le MONDE ECONOMIQUE en qualité d’expert sur des thématiques liées à l’ingénierie et au Cleantech