Si la Suisse affiche l’un des taux de chômage chez les jeunes parmi les plus bas d’Europe, c’est, en grande partie, en raison de son système éducatif en général et de sa formation professionnelle en particulier. Pourquoi et comment la Suisse a-t-elle réussi à concilier les impératifs de l’enseignement avec la nécessité de s’adapter à la réalité du marché du travail ?
Plutôt que de considérer la formation professionnelle comme une voie d’insertion ou de réinsertion, le système éducatif suisse repose sur l’excellence que représente la voie professionnelle. Par cette orientation spécifique, qui peut se choisir dès la fin de la scolarité obligatoire, les élèves aspirent à acquérir des compétences, définies notamment par les entreprises elles-mêmes. Cette formation initiale professionnelle concerne 2/3 des élèves en Suisse. Pour faire face à cette forte demande, les filières se sont multipliées au même rythme que de nouveaux besoins se sont fait sentir en milieu professionnel. Ainsi, près de 230 filières de formation sont proposées en apprentissage.
La gestion de cette formation professionnelle est tripartite, puisqu’à la confédération et aux cantons s’ajoutent les organisations du monde du travail. C’est ainsi, que le système éducatif suisse repose également en partie sur le nombre de places en formation continue et en apprentissages, définies par les différentes représentations des acteurs économiques. De cette manière, les formations professionnelles proposées impliquent la délivrance de savoir-faire et de qualifications précises et définies mais sont décidées aussi en fonction du potentiel d’embauche.
Tous les 5 ans, les formations professionnelles sont vérifiées en tenant compte des innovations techniques et technologiques mais aussi des nouvelles exigences en termes de développement durable et/ou de protection environnementale. Dans la même logique, les acteurs de la vie économique peuvent initier une demande de création d’une nouvelle formation professionnelle pour répondre à de nouveaux besoins.
Cette conciliation entre le monde du travail et le système éducatif se dessine déjà au niveau de la formation elle-même avec le baromètre du marché des places d’apprentissage. C’est une des raisons, qui expliquent que la Suisse affiche un des taux de chômage des jeunes les plus bas d’Europe.
En Suisse, la formation professionnelle n’est pas une voie à part de l’Education mais bien intégrée à un système éducatif plus global. A la formation professionnelle initiale est ajoutée une formation Secondaire II, au-delà de laquelle les étudiants peuvent entreprendre une formation tertiaire. Les hautes écoles spécialisées prolongent donc cette formation. Les formations de niveau tertiaire sont alors organisées selon le schéma bachelor/master. Ainsi, le diplôme professionnalisant supérieur sanctionne ce cursus supérieur, en permettant aux étudiants de connaitre la fonction, à laquelle ils se destinent. C’est donc bien un cursus complet, couvrant tous les domaines d’activités, qui est proposé aux élèves suisses en ce qui concerne la formation professionnelle. Le système éducatif a, enfin, prévu, de nombreuses passerelles entres les voies professionnelles elles-mêmes et la formation professionnelle et la formation plus générale.
Qu’il s’agisse de la formation initiale, secondaire ou tertiaire, le système dual reste une constante tout au cours du parcours de l’élève. L’alternance entre les cours théoriques (en école professionnelle) et la pratique (en entreprises) constitue la règle. Même au cours de la formation initiale, l’élève acquiert, en entreprises, les compétences et les aptitudes professionnelles, qui pourront faire l’objet de cours théoriques. En revanche, les élèves sont également intégrés dans le processus de production des entreprises, afin d’accélérer et de renforcer leur immersion.
A cette formation duale traditionnelle peut aussi s’ajouter, uniquement dans le cadre d’une formation secondaire, des cours interentreprises. La mise en commun des entreprises concernées permettra de dispenser des formations pratiques à tous les élèves, intégrées dans ces entreprises. Ces cours visant à faire acquérir des pratiques professionnelles jugées comme fondamentales résultent le plus souvent d’une démarche initiée par les branches professionnelles elles-mêmes.
Les entreprises et plus généralement tous les acteurs économiques sont donc associés et intégrés à la formation professionnelle en Suisse. De la création des formations à l’intégration des étudiants, les entreprises s’engagent pleinement dans cette démarche bénéfique, alors que les élèves peuvent acquérir des compétences immédiatement utilisables