Photo Peter Kraus © Berenberg
Par Peter Kraus, responsable des actions à faible capitalisation chez Berenberg et gestionnaire de portefeuille du Berenberg European Small Cap Fund et des fonds européens et internationaux de microcapitalisation.
2022 a été l’une des années les plus brûlantes jamais enregistrées pour les petites capitalisations européennes. L’indice MSCI Europe Small Cap a chuté de près de 35 % au cours des dix premiers mois de 2022, affichant ainsi sa pire performance depuis 25 ans.
Il est important de réaliser que la forte baisse du marché en 2022 n’a pas été bénéfique pour les valeurs de croissance et les petites capitalisations qui ont été les plus touchées. En fait, l’année 2022 a aussi été marquée par la plus forte baisse jamais enregistrée des petites capitalisations par rapport aux grandes capitalisations. Cela s’explique par le fait que les petites capitalisations sont considérées comme plus risquées, mais sur le long terme, ce n’est pas nécessairement vrai.
Ce premier semestre 2023 s’annonce meilleur pour l’Europe et pourrait s’avérer être un moment particulièrement propice pour revenir sur les petites capitalisations. La crise énergétique n’a pas touché la majeure partie du continent Européen aussi durement qu’on le pensait début 2022, même si la croissance devrait être faible en Allemagne et plus encore au Royaume-Uni.
Nous pensons que l’accent devrait revenir sur les fondamentaux des entreprises individuelles et nous ne nous attendons pas à une reprise généralisée. Les investisseurs devront continuer à rechercher les entreprises qui ont un pouvoir de fixation des prix, celles qui peuvent démontrer une croissance structurelle et celles qui présentent des valorisations attrayantes après la forte baisse.
Cependant, l’humeur et les attentes des investisseurs et des banques restent très modérées, ce qui crée des opportunités d’entrée attrayantes. Les actions européennes sont en effet à nouveau intéressantes. Depuis quelques mois, les marchés européens montrent une force relative par rapport aux États-Unis.
Le segment des petites capitalisations devrait bénéficier d’un élan particulier. Traditionnellement, les petites et moyennes entreprises affichent une croissance plus forte que les grandes sociétés sur le long terme. C’est ce qu’on appelle la prime aux « petites capitalisations ». Par exemple, au cours des 21 dernières années, les rendements corrigés du risque du MSCI Europe Small Cap ont été nettement supérieurs à ceux du MSCI Europe Large Cap et du MSCI Europe Mid Cap*.
Le problème ici est que la surperformance n’est pas linéaire. En temps de crise, les petites capitalisations ont historiquement enregistré de moins bonnes performances, ce qui a certainement été le cas en 2022. Pourtant, elles sont historiquement un bon indicateur des cycles économiques à venir. Cela signifie qu’elles commencent souvent à chuter avant les premiers signes de problèmes économiques et se retournent régulièrement avant que les données économiques n’aient atteint leur niveau le plus bas.
De nombreuses victimes de la liquidation générale, notamment dans le secteur de la croissance de qualité, ont le potentiel pour rebondir fortement à moyen terme. En effet, des entreprises dont les fondamentaux sont souvent très bons ont vu leurs atouts éclipsés par un comportement de marché général.
Même les sociétés dotées de solides atouts et capables de prouver leur pouvoir de fixation des prix par plusieurs séries d’augmentations ont été confrontées à une compression des valorisations. Et ce, même si elles n’ont été que très peu touchées par la crise de l’énergie (en raison de la faible intensité énergétique de leur activité) et qu’elles n’ont pratiquement pas eu à accepter de charge supplémentaire liée aux augmentations des taux d’intérêt en raison de leur faible endettement.
Le monde des petites capitalisations regorge d’entreprises de croissance de grande qualité, dont beaucoup sont des leaders du marché mondial dans leur segment respectif. Les secteurs qui profitent de mégatendances telles que la numérisation des soins de santé ou du secteur technologique, les progrès de la technologie médicale ou les exigences croissantes en matière d’efficacité énergétique sont particulièrement prometteurs.
Dans l’ensemble, les petites capitalisations ont enregistré des performances historiquement mauvaises en 2022, mais il existe des raisons convaincantes de penser que leur surperformance à long terme se maintienne et que c’est le bon moment pour envisager un retour dans cet espace.
* Berenberg, Bloomberg, décembre 2001 (début de la série de données pour le MSCI Europe Mid Cap) – décembre 2022. [fig. 5]