Hausse effrénée des coûts : Comparis appelle à un financement harmonisé et à une rémunération en fonction de la réussite du traitement
Selon les estimations du centre de recherches conjoncturelles (KOF) de l’École Polytechnique Fédérale de Zurich (ETH ZH / EPFZ), la hausse des coûts dans le domaine de la santé va encore continuer à progresser. L’année prochaine, ils devraient pour la première fois dépasser la barre des 10 000 francs par personne et par an. Comme les coûts à la charge des caisses maladie progressent plus fortement que le reste, comparis.ch en appelle, au nom des assurés, à un financement uniforme de la médecine ambulatoire et stationnaire, de même qu’à une prise en compte de la réussite du traitement dans la rémunération de prestations médicales onéreuses. Le KOF table sur une hausse des coûts de 3,9 % pour 2018. Il désigne la bonne conjoncture et l’élévation des salaires et des revenus comme les principales causes de l’augmentation des coûts de la santé. Conséquence : les primes maladie progresseront de 4,9 % en moyenne l’an prochain.
Zurich, le 14 novembre 2017 – La spirale à la hausse des coûts de la santé se poursuit : dans le cadre de ses prévisions d’automne, financées par Comparis, le KOF prévoit une progression de 4,1 % des dépenses de santé pour l’année en cours. En 2018, l’augmentation devrait s’élever à 3,9 %. Et en 2019, avec une conjoncture qui devrait encore s’améliorer, la poussée pourrait être de 4 %. Pour la même année, la courbe des dépenses dans le domaine ambulatoire devrait doucement s’infléchir, tandis que les coûts dans le domaine des soins de longue durée devraient croître en raison de l’évolution démographique. Des dépenses de santé qui s’élèveraient à 9590 francs (2016), 9884 francs (2017) et 10 176 francs (2018) par personne.
Comme par le passé, les dépenses de santé progressent plus fortement que le produit intérieur brut (PIB) nominal. Le ratio de dépenses de santé – la proportion des dépenses de santé par rapport au PIB – grimpera à 13 % d’ici 2019. Selon le KOF, les coûts de la santé s’élevaient au total à 77,7 milliards de francs en 2015 ; devant passer à 90,8 milliards de francs en 2019, cela représenterait une augmentation de 16,9 %.
Hausse effrénée des coûts dans l’assurance de base
Selon les estimations du KOF, les coûts globaux dans le domaine de la santé devraient augmenter de 3,9 % en 2018. Dans l’assurance de base, les coûts progressent davantage et avec eux, les primes. Selon les projections de Comparis, la hausse moyenne s’élève à 4,9 %. « La hausse des coûts n’a pas été freinée depuis l’entrée en vigueur de la LAMal ; la stratégie « Santé 2020 » n’y a rien changé non plus. Il est à craindre que les propositions de mesures du groupe d’experts Diener ne parviennent pas non plus à contenir significativement la hausse des coûts – mais uniquement à favoriser les lourdeurs administratives », déclare Felix Schneuwly, expert Assurance maladie chez comparis.ch.
Entre 1995 et 2019, la part de financement des assurances sociales sera passée de 26,8 à 36,6 %, soit une croissance de près de 10 points de pourcentage. Sur la même période, la part financée par l’État ne progresse que de 3,5 points de pourcentage, passant donc de 14,3 à 17,8 %. Comme la majeure partie de la croissance des coûts est financée par les primes d’assurance maladie, il est urgent d’uniformiser le financement de toutes les prestations LAMal (25 % par les cantons, 75 % par les caisses maladie). « À l’heure actuelle, les cantons paient 55 % des prestations stationnaires et 0 % des prestations ambulatoires. Comme les coûts des prestations ambulatoires croissent dans une mesure supérieure à la moyenne, il est essentiel que les cantons contribuent au financement dans ce domaine, comme cela est déjà le cas pour les prestations stationnaires. Ce que font ou projettent beaucoup de cantons, n’est autre qu’un coup porté à la classe moyenne », déclare Felix Schneuwly avant d’ajouter que : « Certains cantons obligent les médecins et les hôpitaux à opérer davantage en ambulatoire et moins en stationnaire. Une mesure que la Confédération souhaite imposer dans toute la Suisse. In fine, les primes maladie gonflent. Dans le même temps, la plupart des cantons ne veulent pas participer aux coûts ambulatoires et coupent, qui plus est, les réductions de primes. »
Davantage de marge de manœuvre pour les caisses maladie en matière de rabais de primes sur les modèles d’assurance alternatifs
« Il faudrait que les caisses maladie obtiennent davantage de marge de manœuvre de la part de l’OFSP pour relever les rabais appliqués aux primes d’assurance de base des modèles alternatifs (Telmed, médecin de famille, HMO) », réclame Felix Schneuwly. Une mesure qui récompenserait les assurés faisant le choix de l’efficacité et de la qualité, ce qui n’est pas encore suffisamment le cas. « En contrepartie, les primes devraient être fortement revues à la hausse pour les assurés qui se rendent directement aux urgences à l’hôpital ou consultent des spécialistes pour des cas anodins », rappelle Felix Schneuwly. Pour financer une médecine coûteuse, l’expert avance qu’à moyen ou long terme, il convient de passer d’une rémunération selon le volume à une rémunération selon la réussite du traitement.
Le comparateur sur Internet comparis.ch et l’association de pharmaciens TopPharm financent conjointement les prévisions KOF relatives aux dépenses de santé. TopPharm assure le financement des prévisions de printemps, Comparis de celles d’automne. L’Office fédéral de la statistique ne publiant les dépenses de santé qu’avec un décalage de deux ans, les données du KOF sont les données les plus récentes disponibles à ce jour.