QUAND LA GENERATION « Y » DEFERLE SUR LE MONDE DU TRAVAIL.

14 juillet 2015

QUAND LA GENERATION « Y » DEFERLE SUR LE MONDE DU TRAVAIL.

« Tonight we are young… »… Vous vous souvenez sans doute ce tube des années 2011-2012. Pour ma part, non seulement je m’en souviens mais je n’arrête pas d’admirer l’incroyable acuité et la pénétration du groupe « Fun » qui avaient si bien su capter l’esprit des « millenials » et l’atmosphère du temps que la génération connue comme « Y » veut s’approprier, rendre sien.

La génération précédente, celle des actuels « quadras » (à laquelle d’ailleurs j’appartiens), nous voulions être « forever young », d’après la formule célèbre de la chanson éponyme d’« Alphaville », groupe très à la mode dans les années 80. Nous voulions l’éternelle jeunesse, la jouvence « forever », tout en sachant que cela est une chimère. La génération Y, elle, veut être jeune ici et maintenant : « tonight we are young ». Elle veut vivre l’instant présent avec le plus d’intensité possible.

Le tube d’été d’il y a trois ans des « Fun » n’est peut-être pas allé jusqu’à s’imposer comme hymne de la génération Y mais il reste à sa manière une chanson hymnique et certainement – très emblématique. Tout y est, y compris les contradictions de ces « enfants du millénaire » qui, nés entre 1980 et 2000, veulent faire rimer conformisme avec provocation et qui cachent mal, derrière leur look plutôt « bon chic, bon genre », ce goût de l’intensité et de l’extrême que nous venons de mentionner.

Oui, la génération Y veut vivre l’instant présent avec intensité, elle veut pleinement profiter de son tonight. Ceux qui sont nés à la fin d’un millénaire millénaire et qui, même très jeunes, ont vécu le 11 septembre, savent que demain est tout un autre jour et qu’encore dans quelques heures, au réveil, on peut découvrir un monde radicalement changé où rien n’est plus le même.

Cette recherche d’intensité en toute chose par la génération Y se reflète aussi dans son attitude à l’égard du travail et du monde des entreprises. On colle beaucoup de clichés aux « jeunes d’aujourd’hui » vus comme paresseux, scotchés sur Internet, accros à la télé et cherchant à se soustraire à tout travail sérieux. Mais la réalité est beaucoup plus complexe et elle a notamment rapport avec la disposition d’esprit très particulière de la génération Y que nous venons d’évoquer. Les « millenials » ne portent pas un moindre intérêt au travail – et encore moins à l’argent qu’il procure – que les générations de leurs parents ou grands- parents. Simplement, recherchant l’intensité et la plénitude, ils demandent un plein-sens à l’activité professionnelle qu’ils ont choisie et qu’ils se proposent de poursuivre. Ils veulent en effet que cette activité ait un vrai sens et soit marquée par une vision et des valeurs. Plus encore, lisons-nous sur le site d’« Horizons décisionnels » – les jeunes d’aujourd’hui veulent que leur travail ait le caractère d’une mission car « cette génération se montrera davantage fidèle à une mission qu’à un employeur. C’est sans doute une réaction à leurs parents qui, dédiés corps et âme à leur entreprise, ont souvent eu à faire face à des licenciements douloureux. »

Mais si la génération Y refuse d’être aveuglément dévouée à l’entreprise pensée comme cette personne collective et supra- individuelle que ses parents et grands- parents avaient tendance à absolutiser, cette nouvelle génération accorde une grande importance à l’environnement humain immédiat et se montre intéressée à une interaction étroite avec les autres employés de cette même entreprise, ceci dans un esprit de complémentarité et de solidarité dans l’accomplissement des tâches. En effet, et n’en déplaise à ceux qui les appellent « génération Me, Me, Me », les plus jeunes acteurs du monde du travail d’aujourd’hui s’avèrent moins égoïstes, individualistes et cyniques que ne l’étaient leurs parents et les « boomers » qui les précédaient. Et c’est là un curieux paradoxe : la génération Y, ces « enfants- rois » d’hier qui faisaient présager les pires temps à venir, les voilà aujourd’hui arrivant dans le monde du travail non seulement avec un sens des responsabilités et avec une volonté de réaliser leur potentiel qui forcent le respect mais aussi avec une ouverture à l’autre, voire avec un certain altruisme, qui ne peut qu’étonner quand on la découvre chez anciens enfants élevés comme « rois » et « reines ».

Quelle en est l’explication ? Il faut la chercher dans ce qu’un spécialiste a appelé « mélange d’altruisme et d’individualisme » qui caractériserait les jeunes d’aujourd’hui. S’ils s’ouvrent à l’autre, les « enfants du millénaire » le font aussi pour eux-mêmes, pour leur propre bénéfice. Recherchant dans le travail, davantage que toute autre génération précédente, le bonheur et l’épanouissement personnel, ils ont bien compris qu’il faut cultiver aussi la dimension humaine. Et ils la cultivent tant dans le sens d’une meilleure atmosphère sociale- collégiale que dans leur attente d’un meilleur leadership – un leadership qu’ils souhaitent « inspirationnel ». Autant de paramètres que les parents et les grands- parents des « millenials » avaient, dans leur course effrénée à l’argent, passablement négligés. Sans être indifférents à l’argent mais sans non plus en faire une priorité absolue, les jeunes du début du 21 siècle, attendent de leur travail plus que cela. Ils veulent l’épanouissement et ils veulent le bonheur – ni plus ni moins. Et ils sont prêts à œuvrer dur pour l’obtenir.

 

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