Lorsque l’on dit métier à risque, on pense toujours policiers ou pompiers. En effet, il existe un risque réel dans ces professions pour la santé physique et morale des individus qui l’exercent. Tout policier et pompier qui travaille en Suisse reçoit chaque mois une prime de risque. Cette prime, qui va de 200 CHF à plus de 700 CHF pour les personnes les plus exposées, compenserait tous les risques pris par ces travailleurs. Ce sont des professions très sociales, et c’est fréquent que ces gens se retrouvent dans des situations dangereuses, mais c’est tout de même pour assurer la sécurité de tous les autres habitants de la ville…
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce ne sont pourtant pas les professions les plus touchées par les accidents mortels. La construction est la branche qui compte le plus de décès parmi ses professionnels suivi par les transporteurs routiers.
Ce qu’il faut savoir, c’est que le métier de policier ou de pompier demande à la base un entrainement complexe. Il y a environ un an qui s’écoule entre l’entrée d’un candidat à l’école de police et son premier jour dans un poste en tant que stagiaire. Sachant que le métier est risqué, ces professionnels prennent constamment toutes les précautions afin d’éviter les incidents. C’est peut-être de là que naît la différence entre une profession risquée et une profession « à risques sous-estimés ». Loin de dire que dans le milieu de la construction tout se fait sans précautions, la différence du nombre d’accidents est tout de même frappante. Par contre, la prime de risque est inéxistante.
C’est ici un peu un paradoxe de notre société, car sans renier les risques pris par la police, les pompiers ou les convoyeurs de fonds, on voit quand même qu’il y a un problème. ceci nous ramène à dire que faire un métier pour une prime n’est pas intéressant. Certes, celle-ci permet de vivre mieux mais elle ne compense pas l’impact de la profession sur la santé mentale des professionnels, qui est, bien souvent, la première à céder.
Alcoolisme, divorces, burnouts et même suicides sont, par contre, bien plus nombreux parmi les policiers et les pompiers que parmi les ouvriers ou les routiers. C’est le stress permanent que ces personnes encourent chaque jour pour aider leurs prochains qui les épuisent mentalement au point d’être rapidement dépassés et de voir leur vie sociale s’effondrer. C’est là que se justifie réellement la prime de risque des diverses professions citées, à cause du poids moral qu’elles imposent. Alors à quand des mesures pour réduire le nombre accidents dans les professions du bâtiment et de la route…
Romain Wanner/ Rédacteur pour le magazine Le Monde Economique