Photos @sophiespiererfaigaux et Jeremy Spierer
Par Thierry DIME
Ramon Esteve est bien plus qu’un simple entrepreneur dans l’industrie des matières premières. Il se présente modestement comme « un rouage » d’une entreprise familiale, créée en 1849, présente dans plus de 40 pays et employant plus de 6 000 collaborateurs à travers le monde. Derrière cette modestie se révèle une personnalité animée par une passion profonde pour son métier et un engagement indéfectible envers les relations humaines.
Lorsqu’il était petit, Ramon Esteve ne rêvait pas de grandeur ou de carrières prestigieuses. Son aspiration était simplement de vivre pleinement chaque moment, entouré des siens. C’était un garçon curieux, fasciné par le monde qui l’entourait et par les récits que les anciens de sa famille lui racontaient. Ces moments passés l’ont profondément marqué. Après avoir obtenu sa maturité, Ramon Esteve choisit de poursuivre des études de droit à l’Université de Lausanne. Il ne le fait pas avec l’intention de devenir avocat ou juriste, mais parce qu’il est convaincu que cette formation lui serait précieuse pour la vie.
Son diplôme en poche, il s’envole vers les États-Unis pour rejoindre l’entreprise familiale dans le secteur du coton, « le plus ancien métier » de la maison Esteve. Rapidement, il découvre le commerce des matières premières et l’informatique et s’engage dans l’industrie avec passion.
L’entreprise familiale, ECOM, est un négociant mondial de matières premières de premier plan. ECOM propose trois produits de base principaux – le café, le cacao et le coton – mais participe également à d’autres marchés de produits agricoles. ECOM achète les matières premières directement auprès des agriculteurs, fournit des services de transformation primaire, de logistique et de gestion des risques, et vend aux fabricants de produits de marque. « Le gros de nos collaborateurs se trouve sur place, auprès des producteurs », explique Ramon, démontrant l’importance pour lui d’une approche humaine et de proximité. L’entreprise a choisi de devenir partie prenante des communautés locales, de s’impliquer directement dans la culture des produits, et d’aider les producteurs à améliorer leurs pratiques et leurs rendements.
Naturel, sincère et pragmatique sont des traits de caractère qui ont accompagné Ramon tout au long de sa carrière. Ses amis et collègues le décrivent comme « une personne d’accueil et de confiance », une qualité essentielle dans le monde des matières premières, où les relations humaines prédominent toujours, même dans une ère de numérisation. Pour Ramon, le travail n’a jamais été une corvée. Il exprime une gratitude certaine envers le rôle qu’il a trouvé au sein de l’entreprise familiale : « Heureusement pour moi, le travail a toujours été une joie ». Sa conception du travail repose sur l’épanouissement personnel et la contribution à une aventure collective, une valeur qu’il place au cœur de sa vision de l’entreprise et de la famille.
Dans une face ultérieure de ses activités, ayant quitté ses fonctions exécutives auprès du groupe familiale, Ramon s’est découvert une passion pour la défense de son secteur au sein de la faitière de négociants : Suissenégoce en tant que président. Son programme « rendre les suisses aussi fières de leurs négociants que de leurs fromagers ».
Aujourd’hui, bien qu’il soit à la « retraite », Ramon Esteve continue de s’engager dans des activités qui nourrissent son esprit d’aventure et de partage, comme le vélo. Pendant la période du Covid, il a découvert la « Route du Cœur », un parcours de 700 kilomètres traversant les plus beaux villages de Suisse. Une aventure qu’il recommande vivement.
À travers cet entretien, on découvre un homme passionné, à l’écoute des autres, et déterminé à promouvoir les valeurs de confiance et de respect mutuel. Il souhaite que le grand public découvre mieux le secteur du négoce des matières premières, souvent mal perçu. Pour la nouvelle génération, il laisse ce message : « Découvrez ce métier, engagez-vous avec passion, et n’oubliez jamais que, malgré la technologie, les relations humaines restent au cœur de tout. »
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