Réchauffement climatique rime avec allergies chroniques !

18 avril 2018

Réchauffement climatique rime avec allergies chroniques !

Pour celles & ceux qui en douteraient encore, il est une évidence qu’il serait malvenu de ne pas entendre : le réchauffement climatique a une incidence patente sur les allergies ! Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, 50% de la population mondiale devrait être affectée par au moins une maladie allergique en 2050… Terrifiant, non ? Peut-être pas pour tout le monde…

En France voisine, le nombre de personnes allergiques au pollen a presque doublé en trente ans. En raison du réchauffement climatique, il n’est pas prêt de baisser. Mais de quoi parle-t-on exactement ? De nez qui coule, d’yeux larmoyants, d’éternuements soutenus, d’asthme chronique, de démangeaisons tenaces, etc… : les allergies touchent aujourd’hui 33% de la population française !?! Nul doute que cette proportion, deux fois plus importante qu’il y a trente ans, risque encore de progresser. Parmi les causes invoquées, le réchauffement climatique est de plus en plus pointé du doigt. « Ah, il a bon dos celui-là ! » se laisseront à penser d’aucun… Pas faux. Pour autant, les faits ne plaident vraiment pas en sa défaveur.

Fait N°1 : les émissions de pollen durent plus longtemps

C’est une lapalissade : le premier effet du réchauffement climatique est évidemment la hausse des températures. Or, plus celles-ci sont élevées sur une période donnée, plus la pollinisation des végétaux est précoce ; et les quantités de grains émises importantes. Sous l’effet du réchauffement climatique, la saison des pollens commence plus tôt [fin d’hiver & début de printemps] et finit plus tard. C’est l’amer constat réalisé sur les deux décennies écoulées [1980-1990 & 1991-2002] : pour les pollens de cyprès, c’est 18 jours supplémentaires ; idem pour les pollens d’olivier. Pour les pollens de pariétaire, comptez 85 jours de plus ; pour ceux d’ambroisie, ce n’est pas moins de 27 jours supplémentaires !

Ce sont les pneumologues français Pascal Demoly & François-Bernard Michel, qui ont réalisé cette étude et l’ont faite paraître en 2012. La situation ne devrait pas aller en s’améliorant : on constate que les hivers sont inexorablement voués à être de plus en plus doux et humides. Les climatologues suisses en sont complètement convaincus : depuis plus de 10 ans, ils analysent chaque donnée climatique avec précision et la compile dans un logiciel de simulation. Leur conclusion fait froid dans le dos : non seulement la fonte des glaciers est patente & inexorable, mais surtout les hivers « arrivent » avec 14 jours de retard et en « repartent » avec 26 jours d’avance… De quoi réduire considérablement l’enneigement, non ?

Fait N°2 : les émissions de pollen sont de plus en plus redoutables

… Et de plus en plus nombreuses aussi ! L’accentuation de la pollution atmosphérique, en lien étroit avec la hausse des températures, a pour effet de « stresser » les plantes. Celles-ci se mettent alors à produire davantage de pollens… Il a été démontré que la quantité d’allergènes présents dans le pollen de bouleau et d’ambroisie augmentait de manière simultanée avec les températures relevées au sol. Il y a encore plus inquiétant : sous l’effet de la hausse des températures, des polluants chimiques atmosphériques peuvent rompre la paroi des grains de pollen et ainsi libérer des fragments & granules cytoplasmiques assez petits pour pénétrer dans le système respiratoire, bien plus profondément que les grains entiers !… C’est le constat effectué par la revue professionnelle Medscape à destination du corps médical. On comprend mieux pourquoi certains végétaux, réputés peu allergisants, le sont devenus aux abords de voies très fréquentées par le trafic automobile (autoroutes, rocades, voies de contournement).

La pollution à l’ozone (O3) est une véritable plaie : elle contribue à exacerber les symptômes des allergies respiratoires, telles que les irritations du nez, de la gorge & des bronches. « L’ozone altère les muqueuses respiratoires et augmente leur perméabilité ; ce qui engendre une réaction allergique à des concentrations de pollens encore plus faibles », note l’Agence de Sécurité Sanitaire. « A l’heure actuelle, s’il est possible d’affirmer que la pollution atmosphérique augmente le potentiel allergisant des grains de pollens, l’effet inverse a aussi été observé dans certains cas !? ». Difficile de démêler le vrai du faux…

Fait N°3 : le réchauffement climatique modifie la répartition des végétaux

Réchauffement climatique oblige, la répartition des végétaux ne cesse d’évoluer. Certaines espèces typiques du sud, comme l’olivier ou le cyprès, remontent vers le nord ; or, ils sont connus pour être très allergisants. C’est aussi le cas de l’ambroisie : déjà largement présente dans le centre & le sud de l’Europe, cette plante sauvage, venue d’Amérique, pourrait bientôt s’implanter également en Europe du nord ; et ce, malgré de régulières & sévères campagnes d’arrachage.

Dans une réflexion similaire, n’a-t-on pas constaté que le vin s’était « alcoolisé » depuis quelques années ; en d’autres termes, que son degré d’alcool avait progressé de manière significative ? En parallèle, la variété de la vigne s’est déplacée vers le Nord : on cultive désormais des cépages méditerranéens en Bourgogne, voire en Champagne. C’est la preuve patente que le réchauffement climatique impacte la Nature dans son ensemble, sans discernement ni exception…

Que faire pour enrayer cette progression ?

On estime aujourd’hui à 33 millions le nombre d’Européens souffrant d’allergies aux pollens d’ambroisie ; le chiffre pourrait passer à 77 millions d’ici à 2050 ! C’est la conclusion d’une étude publiée en 2016 dans la très sérieuse revue Environmental Health Perspectives. Selon ces mêmes chercheurs, les deux tiers de cette augmentation seraient à attribuer au changement climatique, tandis que le tiers restant s’expliquerait par la propagation naturelle de certaines plantes, plus « envahissantes » que d’autres. Une sorte de vague migratoire florale à grande échelle, dont les conséquences se paieraient quelques décennies plus tard…

Sur un plan purement médical, il suffit parfois d’adopter quelques gestes de bon sens au quotidien, afin de soulager les symptômes et s’éviter bien des souffrances ; citons pêle-mêle :

-Se laver les cheveux avant de se coucher,

-Changer de tenue en rentrant chez soi,

-Aérer son logement lorsqu’il pleut,

-Eviter le séchage du linge dehors,

-Limiter les activités en extérieur,

-Porter des lunettes de soleil (et un chapeau),

-Réduire votre consommation de tabac…

Sur un plan strictement environnemental, il est évident que nous sommes confrontés à un réel problème de santé publique ; au même titre que celui des allergies alimentaires ! Certaines pathologies étaient encore inconnues il y a 50 ans ; aujourd’hui, la conjonction de la pollution & de la malbouffe créent de nouvelles maladies aux conséquences dramatiques… Il est à souhaiter que l’être humain développe des anticorps pérennes & puissants, afin de s’immuniser contre cet « envahisseur ». Gageons aussi que les grands groupes pharmacologiques nous viennent en aide (de manière désintéressée si possible !), au risque d’affronter de pénibles & interminables saisons printanières…

 

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