Référendum sur l’accueil préscolaire: le décryptage de Thierry DIME

14 mai 2024

Référendum sur l’accueil préscolaire: le décryptage de Thierry DIME

Le 9 juin, les citoyens genevois sont appelés aux urnes pour se prononcer sur une question cruciale : la modification de la Loi sur l’accueil préscolaire (LAPr), adoptée en 2023. Au cœur du débat, un slogan retentit : « Pas de crèches au rabais ! Pas d’économies sur le dos du personnel et des enfants ! », soulignant les enjeux profonds de cette votation.

Le débat, cristallisé autour de ce référendum qui a su mobiliser rapidement les citoyens pour recueillir les signatures nécessaires, met en lumière les divergences de points de vue quant à la gestion et au financement des structures d’accueil pour enfants. Cette polarisation de l’opinion publique genevoise révèle les tensions sous-jacentes entre les besoins économiques et les impératifs de qualité dans les services de garde d’enfants. Genève, reconnue pour son dynamisme économique et culturel, se trouve ainsi face à un dilemme crucial : comment garantir des services de garde préscolaire à la fois accessibles et de haute qualité, sans compromettre le bien-être des enfants et des professionnels du secteur ? La pénurie de places en crèche, qui touche particulièrement la Ville de Genève, ne fait qu’accroître la pression sur les décideurs et les familles, rendant le résultat de ce vote particulièrement significatif pour l’avenir de nombreux Genevois.

Le référendum sur la modification de la Loi sur l’accueil préscolaire (LAPr) introduit des changements qui pourraient sérieusement impacter la structure opérationnelle des crèches privées à Genève. En imposant des standards plus élevés et une nouvelle convention collective de travail, sans aucune concertation approfondie avec les crèches privées, ces nouvelles directives risquent de mettre en péril la stabilité financière de ces établissements. Les crèches privées, qui jusqu’à présent ont servi de complément essentiel aux services publics en offrant plus de choix aux parents, se retrouvent ainsi dans une situation délicate où elles doivent considérer des augmentations de coûts potentiellement insoutenables sans compromettre l’accès pour les familles moins aisées. L’augmentation des coûts opérationnels pourrait contraindre les crèches privées à revoir à la hausse leurs frais de scolarité. Cette répercussion directe sur les tarifs pourrait non seulement limiter l’accès à des services de garde de qualité pour une frange plus large de la population mais également pousser certaines crèches à une fermeture inévitable.

La fermeture programmée des crèches privées augmenterait la pression sur les crèches publiques déjà surchargées et pourraient aggraver la pénurie de places, laissant de nombreuses familles sans solutions de garde adéquates pour leurs enfants. Dans un contexte où la demande dépasse largement l’offre, ces changements pourraient avoir des effets déstabilisateurs sur le marché de la garde d’enfants à Genève.

En outre, l’obligation de se conformer à des normes plus strictes pourrait conduire à une diminution de la qualité des services offerts. Les crèches privées pourraient être forcées de réduire les coûts en diminuant le nombre de personnel qualifié ou en dégradant les infrastructures pour rester financièrement viables. Ce compromis sur la qualité serait en contradiction directe avec les objectifs initiaux du référendum, qui vise à améliorer le bien-être et la sécurité des enfants.

Ce paradoxe souligne l’importance d’une planification et d’une consultation rigoureuses pour garantir que les nouvelles régulations renforcent effectivement le secteur de l’accueil préscolaire sans nuire à ceux qu’elles sont censées protéger.

Il est impératif de trouver une approche plus collaborative entre les exigences des référendaires et les besoins des crèches privées. J’en appelle ici au bon sens. Genève, pourrait par exemple, tirer parti de modèles réussis dans d’autres cantons de Suisse romande, où un équilibre a été trouvé pour faire cohabiter à la fois les crèches publiques et privées sans compromettre le bien-être des enfants ou la qualité du personnel.

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