Photo © Helianthe Perspectives
La réforme de la prévoyance professionnelle, connue sous le nom de LPP21, se révèle être un pivot essentiel pour la pérennité du système de prévoyance suisse. Pourtant, alors que le débat s’intensifie, les slogans électoraux battent leur plein, symbolisant les émotions que ce sujet suscite. Cependant, dans une démocratie saine, il est impératif que les partis politiques reconnaissent leurs responsabilités et évitent l’usage de termes destinés à induire en erreur ou à créer de fausses impressions. Durant ces débats, certains slogans marquent les esprits par leur caractère accrocheur, bien qu’ils simplifient excessivement des enjeux complexes :
Par exemple, le slogan « Payer plus pour toucher moins, c’est non » attire l’attention en exploitant la crainte légitime des citoyens face à une éventuelle augmentation des cotisations. Ce type de message, direct et percutant, s’appuie sur la peur de voir les contributions salariales augmenter, omettant les mesures de compensation prévues pour les assurés à bas salaires. Le slogan ne mentionne pas que ces augmentations de cotisations sont conçues pour répondre aux défis démographiques, notamment l’allongement de l’espérance de vie, qui pèse lourdement sur la viabilité de nos retraites et sur la pérennité du système de prévoyance suisse.
De même, le slogan « La réforme LPP : un cadeau au monde de la finance » est un autre exemple frappant de la manière dont le débat public sur cette réforme peut être simplifié et polarisé. Ce slogan exploite les sentiments négatifs que beaucoup de citoyens peuvent éprouver envers le secteur financier, en suggérant que la réforme profite exclusivement aux institutions financières. En jouant sur ces ressentiments, ce slogan détourne l’attention des véritables enjeux de cette reforme en omettant d’expliquer les détails des ajustements nécessaires pour la durabilité du système. De plus, ce slogan omet également de mentionner qu’un tiers de la fortune en LPP de chaque Suisse est dû au travail des gérants de fortunes. Rien qu’en 2023, 56 milliards de cash ont été générés grâce au résultat direct du travail des gérants de fortunes, qui cherchent à maximiser les rendements pour garantir des retraites décentes.
Le slogan « LPP21 : promesses tenues » semble, à première vue, rassurant, laissant entendre que toutes les promesses associées à cette réforme ont été tenues, ce qui est trompeur car il n’évoque ni l’augmentation des cotisations ni la complexité du système de compensation pour les 15 prochaines générations. Cette hausse, bien qu’essentielle pour garantir la viabilité du système à long terme, représente un fardeau financier supplémentaire pour les travailleurs et les employeurs, une réalité que le slogan ne reflète pas.
La proposition de réduire le taux de conversion de 6,8% à 6% et d’augmenter les cotisations répond à une nécessité démographique et économique pressante. Alors que les gens vivent plus longtemps et que la population vieillit, le système actuel risque de ne plus être viable sans changements considérables à l’avenir. L’objectif des actions proposées est double : renforcer la durabilité en garantissant que les futurs retraités reçoivent une rente décente et en même temps préserver l’équité entre les générations. Cela implique également une meilleure couverture du travail à temps partiel et des bas salaires, généralement ignorés dans les modèles de retraite traditionnels. Ces ajustements, bien que difficiles, sont essentiels pour maintenir la stabilité financière du système de prévoyance suisse et répondre aux besoins d’une société en évolution.
Face à la complexité de la réforme LPP, la responsabilité des partis politiques est de fournir une information claire, honnête, et détaillée. Plutôt que de se cacher derrière de simples slogans, les acteurs politiques peuvent mieux servir le public en développant des campagnes éducatives qui articulent avec précision les avantages et les défis de la réforme. Des initiatives telles que « Mieux protéger les bas salaires et les temps partiels : un pas vers l’équité » ou « Des efforts aujourd’hui pour une sécurité demain » pourraient non seulement éduquer mais aussi rassembler les citoyens autour d’objectifs communs de justice sociale et de durabilité économique.
Pour conclure, bien que cette réforme ne soit pas absolument parfaite, elle représente une avancée significative pour mieux répondre aux besoins des retraités, invalides, veufs et veuves en Suisse. Elle vise à inclure davantage de travailleurs dans le système de prévoyance, améliorant ainsi la couverture des bas salaires et des emplois à temps partiel. Au lieu de crier au loup, il faudrait expliquer ses bénéfices et les améliorations possibles. Un débat constructif permettrait de l’améliorer encore. En effet, les partis politiques doivent reconnaître les progrès qui ont été réalisés, tout en travaillant à affiner la réforme afin de garantir un avenir plus sûr et plus juste pour tous les assurés. En outre, des mécanismes de contrôle stricts doivent être mis en place pour superviser les activités de lobbying financier afin de prévenir tout abus potentiel.
1. Alliance F versus Collectif Grève Féministe : Alliance F, qui fédère 150 organisations féminines dans une démarche transpartisane, considère la réforme comme un progrès essentiel pour les femmes. En revanche, le Collectif Grève Féministe, appuyé par l’Union Syndicale Suisse, en a fait une pierre angulaire de ses revendications lors de la grève du 14 juin.
2. Union Suisse des Paysannes et des Femmes Rurales (USPF) contre Coiffure Suisse : Malgré des revenus et conditions de travail analogues, l’USPF soutient résolument la réforme, alors que Coiffure Suisse s’y oppose fermement.
3. GastroSuisse versus HotellerieSuisse : Confrontés à des défis semblables et à des coûts élevés dans leur secteur, HotellerieSuisse reconnaît la nécessité d’une réforme de la LPP, à l’opposé de GastroSuisse, qui manifeste une opposition vigoureuse.
4. Union Patronale Suisse (UPS) et la Centre Patronal (CP) : Ces deux représentants majeurs de l’économie suisse divergent également sur la réforme LPP, soulignant ainsi la complexité des intérêts en jeu.
Retrouvez l’ensemble de nos article Prévoyance