Le monde politique britannique a été secoué par une annonce inattendue : David Cameron, ancien Premier ministre et figure clé du Brexit, revient sur le devant de la scène en tant que ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement de Rishi Sunak. Ce retour, surprenant pour beaucoup, semble être une stratégie audacieuse de la part de Sunak pour revitaliser le parti conservateur, actuellement en retrait dans les sondages face au Parti travailliste.
Éloigné de la scène politique depuis le référendum de 2016 sur le Brexit, Cameron, à 57 ans, fait un retour inattendu. Ce remaniement ministériel, déclenché par le renvoi de Suella Braverman, l’ancienne ministre de l’Intérieur, est perçu par beaucoup comme un geste stratégique de Sunak visant à reconquérir l’électorat libéral, traditionnellement moins favorable au Brexit. Anand Menon, directeur du think tank UK in Changing Europe, analyse cette décision comme un mouvement tactique de la part du Premier ministre. La nomination de Cameron a été bien accueillie par les leaders européens. À Paris, la ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna, voit en cela une opportunité pour la France et le Royaume-Uni de collaborer étroitement dans une période internationale complexe. Peter Ricketts, ancien ambassadeur du Royaume-Uni en France, souligne l’expérience de Cameron en matière de relations internationales et de gestion des crises..
Le parcours de Cameron depuis le Brexit est marqué par des hauts et des bas. Après avoir démissionné suite à l’échec du référendum qu’il avait lui-même initié, il s’est impliqué dans diverses organisations caritatives et missions de conseil. En 2020, il a été mêlé à une controverse liée à Greensill Capital, un fonds d’investissement dont il était lobbyiste et qui a fait faillite peu de temps après.
Sa nomination en tant que ministre des Affaires étrangères est une démarche peu conventionnelle, Cameron n’étant plus membre élu du Parlement depuis 2016. Il a été rapidement coopté à la Chambre des lords pour contourner l’exigence habituelle que seuls les élus puissent entrer au gouvernement. Cette situation exceptionnelle suscite des interrogations sur la capacité de Cameron à rendre des comptes à la Chambre des communes, une préoccupation soulevée par Menon. Le seul précédent récent de cette nature est la nomination de David Frost en tant que secrétaire d’État au Brexit en 2021.
Cette décision de Sunak, bien que stratégiquement intéressante, soulève des questions sur l’équilibre des pouvoirs et la responsabilité démocratique au sein du gouvernement britannique. L’impact de ce choix sur les prochaines élections législatives et sur la position du Royaume-Uni sur la scène internationale reste à observer. Cameron, avec son expérience et ses relations internationales, pourrait jouer un rôle clé dans la redéfinition de la politique étrangère britannique post-Brexit, mais les défis, tant au niveau national qu’international, sont considérables. Cette nomination représente donc un pari de Sunak pour revitaliser son gouvernement et son parti, tout en naviguant dans les eaux troubles de la politique britannique post-Brexit. La façon dont Cameron gérera son nouveau rôle et les réponses qu’il apportera aux défis internationaux actuels seront déterminantes pour l’avenir du gouvernement Sunak et pour le Royaume-Uni dans son ensemble.
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