Risques d’une crise de croissance de l’économie chinoise

28 octobre 2020

Risques d’une crise de croissance de l’économie chinoise

Quand on regarde les chiffres officiels de l’économie chinoise, on peut déduire que tout va bien. Le pays a enregistré un taux de croissance de 3,2 % au deuxième trimestre de cette année contre -6,8 % au premier trimestre à cause de la pandémie de covid19. Elle est ainsi l’une des grandes économies qui jouissent d’une bonne reprise post-covid. C’est d’ailleurs cette tendance d’une bonne santé qu’affiche l’économie chinoise ces dernières années. Toutefois, l’économie chinoise pourrait se heurter à des obstacles majeurs qui risquent de la conduire à une crise de croissance. Nous verrons dans cet article quelques facteurs d’une possible crise et les solutions envisageables par cette grande économie mondiale pour ne pas connaître le sort qu’a connu le Japon, quelques décennies auparavant.

Les facteurs de survenance d’une crise de la croissance chinoise

La forte croissance chinoise est palpable. En témoigne la présence de 111 sociétés basées en Chine parmi les 500 sociétés mondiales du classement du magazine « Fortune » en 2018. Tous les voyants de croissance sont favorables à l’économie chinoise. Mais une telle prouesse n’est pas nouvelle dans le monde économique surtout en Asie. L’économie japonaise avait connu un tel essor dans les années 90 après plusieurs années de bonnes performances économiques. Elle a cependant sombré dans une crise de croissance qui l’a durement affaiblie. En 1995, le Japon était aussi la deuxième puissance économique derrière les États-Unis, après une terrible croissance économique de 1 171 % de 1973 à 1995. Le moteur de cette réussite chinoise, comme ce fut le cas pour le Japon, est le dynamisme de l’économie intérieure. C’est pourtant là que pourrait se trouver les sources d’un ralentissement de l’économie chinoise.

La population active chinoise (les Chinois âgés de 15 à 64 ans) connaîtra en effet une diminution de 9 % entre 2015 et 2035 et de 20 % jusqu’en 2050. C’est ainsi qu’entre 1997 et 2017, le Japon a connu une baisse de 13,4 % de sa population active. La conséquence sera la baisse de la consommation intérieure et par ricochet le ralentissement de la productivité. Elle se ressent déjà dans la croissance qui a chuté à 5,7 % entre 2014 et 2018 contre 15,5 % entre 1995 et 2013. L’autre obstacle majeur du maintien de la croissance chinoise est l’augmentation du taux d’endettement. Le déficit chinois qui est de 34 000 milliards de dollars environ, soit 266 % du PIB, augmente sans cesse. L’endettement de la chine a carrément quadruplé ces quatre dernières années. Les entreprises chinoises ont par exemple une dette totale de 16 000 milliards de dollars, dépassant ainsi de 15 %, la dette de toutes les entreprises non financières des États-Unis.

Ce sont là quelques facteurs qui présagent d’une crise inévitable de croissance si des mesures adéquates ne sont pas envisagées par les autorités chinoises.

Les stratégies pour échapper à une crise de croissance imminente

Inverser la courbe de la réduction du nombre d’actifs, devrait amener la chine à recourir par exemple à l’immigration pour juguler la baisse de la natalité. Il lui faudra de même travailler à améliorer la productivité des travailleurs existants. Connaissant actuellement une productivité rentable, les entreprises chinoises ont bien les moyens de donner de meilleures rémunérations à leurs travailleurs afin d’entretenir ainsi la consommation intérieure. Néanmoins, face à la baisse inévitable de la productivité, l’accent pourra être mis sur le développement des exportations et des ventes à l’international. Il faudra alors que les producteurs chinois dépassent leur politique de détournements technologiques, en misant plus sur l’innovation et sur la création de véritables modèles chinois afin d’arrêter de représenter une menace pour les autres économies. Le corolaire de cette démarche implique que la Chine se départît des exigences de transferts de technologie ou des pressions d’ordre structurelles faites aux multinationales qui investissent le marché chinois.

En ce qui concerne l’endettement, même si des mesures essayent de maintenir le niveau d’emprunt grâce à de forts taux d’épargne intérieurs, la chine connaît toujours une balance commerciale déficitaire. Les solutions pérennes seraient le renforcement des dépenses publiques et du système bancaire, mais surtout l’attrait à de plus gros investissements étrangers. Néanmoins, même si l’économie chinoise surmontait l’endettement qui est très explosif, certaines limites d’ordre culturel pourraient toujours freiner la compétitivité de l’économie chinoise. La culture du management reste notamment tributaire d’un leadership peu ouvert à l’international, ce qui ne favorise pas l’innovation. Les chiffres démontrent en effet qu’environ 97 % des dirigeants d’entreprises seraient chinois tandis que 65 % des sociétés seraient des entreprises d’État. Il est alors nécessaire que les entreprises chinoises changent le style de management autocentré et trop hiérarchisé pour adhérer aux valeurs d’inventivité et d’agilité qui caractérisent les grandes multinationales dans le monde.

Ce sont là quelques principaux défis que doit relever l’économie chinoise afin que le ralentissement actuel de la croissance ne conduise pas à une crise à la japonaise puisque les ressemblances sont assez saisissantes pour laisser indifférent. Le nécessaire développement international auquel les entreprises chinoises semblent mal préparées demeure le plus gros défi. Pour remédier à cela, de profondes mutations s’imposent et laissent sceptiques quand on connaît la culture chinoise qui est suffisamment ancrée dans toutes les pratiques économiques.

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