Photo Massimo Spadotto © Eurizon
Par Massimo Spadotto, responsable des stratégies de crédit chez Eurizon
Une inflation stable, des taux d’intérêt en baisse et une croissance modérée constituent un excellent équilibre pour les marchés financiers. Ces derniers mois, l’inflation s’est stabilisée et les banques centrales assouplissent progressivement leurs restrictions monétaires.
Les rendements obligataires actuels sont certes plus bas, mais ils restent très attractifs, car ils sont plus élevés qu’au début du cycle économique. Le marché obligataire peut donc continuer à offrir un coupon positif supérieur à l’inflation. Pour les investisseurs qui anticipent un cycle économique fort, il s’agit toujours d’un bon investissement, à la différence du risque de ralentissement économique ou d’un cycle économique plus court que prévu.
Nous restons positifs pour cette classe d’actifs, car les perspectives des obligations d’entreprises sont favorables jusqu’en 2025 et les spreads, même s’ils se sont resserrés pour les obligations d’entreprises, restent une source intéressante de revenus supplémentaires par rapport aux obligations d’État. Les bilans des entreprises sont solides, ce qui s’explique en partie par les conditions de financement et de refinancement favorables de ces dernières années. Les entreprises disposent de liquidités abondantes, la dynamique des bénéfices est meilleure que prévu malgré la hausse des taux d’intérêt, et le rapport entre les hausses et les baisses de notation reste positif.
Le segment Investment Grade affiche des rendements positifs en termes absolus, supérieurs à la moyenne historique des dix dernières années. Il s’agit, selon nous, d’un secteur sur lequel il vaut la peine de se positionner et qui offre bien du potentiel.
En ce qui concerne les obligations à haut rendement, nous préférons les obligations européennes aux obligations américaines, à la fois pour des raisons fondamentales et en raison du rendement de l’univers investissable par unité de risque, associé à l’anticipation de taux de défaut plus faible en Europe, ainsi qu’à un environnement de marché plus positif.
Dans le domaine des crédits structurés, nous privilégions les CLO (Collateralized Loan Obligations), c’est-à-dire les obligations titrisées dont le sous-jacent est un portefeuille de prêts à effet de levier, c’est-à-dire traditionnellement des prêts bancaires à des entreprises dont la notation est inférieure à investment grade. Les titres notés BBB et BB sont à privilégier, car ils offrent des rendements pondérés aux risques intéressants et sont structurellement couverts en cas de défaut du sous-jacent, ce qui pourrait se produire en cas de ralentissement économique.
Ce marché reste toutefois très complexe et présente de nombreuses barrières à l’entrée, de sorte qu’il faut s’appuyer sur un gestionnaire professionnel et spécialisé pour tirer le meilleur parti des opportunités qui se présentent.
Un portefeuille comprenant à la fois des obligations d’entreprises de qualité raisonnable (investment grade) et des obligations à haut rendement (high yield) permet de constituer un portefeuille de crédit bien diversifié. Cette combinaison permet également de faire face aux périodes de volatilité qui peuvent coïncider avec des événements spécifiques à certains pays. Dans une proportion raisonnable, un portefeuille IG/HY peut donc offrir une qualité de crédit pondérée équivalente ou supérieure à celle d’une obligation d’État italienne avec des rendements similaires ou supérieurs, avec l’avantage supplémentaire de la diversification.
Les CLO sont des instruments financiers à taux variable qui ne réagissent que faiblement aux fluctuations des taux d’intérêt et présentent une faible corrélation avec les classes d’actifs traditionnelles.
Ils sont en outre très diversifiés, tant sur le plan sectoriel que géographique, puisque le pool sous-jacent est composé de plus de 100 titres, ce qui permet de minimiser le risque de concentration et de réduire considérablement le risque de crédit et de défaut.
Ces instruments sont hautement standardisés, transparents et offrent, grâce à la technologie de titrisation, une protection contre les défauts qui se renforce à mesure que l’ancienneté augmente. Depuis 1983, les CLO européens ont enregistré des pertes (nettes de remboursements) proches de zéro sur toutes les tranches. Cette classe d’actifs permet de moduler le risque de crédit en investissant dans différentes parties de la structure du capital, de bénéficier de rendements attractifs et de réduire la volatilité globale de l’investissement.
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