Sommet européen du 22 juin 2015: Grexit n’aura pas lieu… à certaines conditions

26 juin 2015

Sommet européen du 22 juin 2015: Grexit n’aura pas lieu… à certaines conditions

Le 22 juin 2015, les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union monétaire se sont réunis à Bruxelles, dans le bâtiment du Conseil européen, afin de discuter de l’avenir de la dette souveraine grecque et par là, de l’avenir de la Grèce dans la zone euro, en envisageant l’hypothèse d’une éventuelle sortie de la Grèce de l’Union monétaire, phénomène que, depuis 2012, l’on a nommé ‘Grexit’.

Ce sommet a eu lieu en raison du fait que sans négociations supplémentaires et sans aide financière, la Grèce ferait défaut de paiement vis-à-vis du Fonds monétaire international (ci-après le FMI), dont la date limite a été fixée au 30 juin 2015. Il fallait donc négocier une extension du second plan de sauvetage de la Grèce, ainsi que le versement de prêts supplémentaires en contrepartie de nouvelles réformes. Rien d’exceptionnel ou de particulièrement surprenant dans les propositions mises sur la table de négociation : les créanciers grecs s’engagent à négocier, en faisant quelques concessions vis-à-vis de la dette souveraine grecque, si la Grèce s’engage à adopter de nouvelles réformes qui, par le passé, ont pris la forme de mesures d’austérité, se traduisant par des coupes draconiennes dans les dépenses publiques et l’introduction d’une plus grande discipline fiscale. Le scénario du Sommet du 22 juin 2015 n’est donc pas, quant à son contenu, radicalement différent des scénarios déjà vus. Ce qui est différent toutefois, c’est l’ambiance autour du sommet ; les créanciers de la Grèce à savoir la Commission européenne, la Banque centrale européenne (ci-après la BCE) et le FMI ont très clairement commencé à ‘fatiguer’ des défauts constants de la Grèce de tenir ses promesses entrainant, par conséquent, de négociations récurrentes de la dette souveraine grecque. Dans une déclaration du 19 juin 2015, le président du Conseil européen, Donald Tusk, a considéré que la situation en Grèce devient critique et qu’un nouvel accord doit être conclu afin de sauvegarder le statut de membre de l’Union monétaire de la Grèce. Il a toutefois souligné que la décision finale de rester dans la zone euro – à certaines conditions – ou d’en sortir revient aux autorités grecques. Le Premier Ministre grec, Aléxis Tsípras, s’est montré favorable à la conclusion d’un nouvel accord, mais a souligné que ce nouvel accord devrait offrir une solution stable et à long terme et ne devrait pas se limiter à repousser les problèmes à une date ultérieure, comme ce fut le cas jusqu’à présent.

Le sommet du 22 juin est, sans doute plus qu’avant, indicatif du fait que la crise grecque n’est pas seulement une situation qui concerne un pays isolément ; ladite crise n’est que le symptôme, l’extériorisation d’une maladie de l’Union monétaire en tant que telle. La question fondamentale est donc celle de savoir si la stabilité de la zone euro peut être atteinte avec la sortie de la Grèce de l’Union monétaire. Rien n’est moins sûr.

Il est suffisamment connu que la crise de la dette souveraine en Grèce – ou plus généralement, dans la zone euro – résulte du déficit public important, conséquence du manque de discipline budgétaire et fiscale de la part des autorités grecques. En raison de la crise mondiale de 2008, la Grèce a été contrainte d’augmenter ses dettes afin de pouvoir financer l’économie nationale. Le ‘rating’ du pays ayant baissé en 2010 (l’évaluation ayant été BB+), la Grèce a demandé un emprunt de 45 milliards d’euros à l’Union européenne et au FMI en contrepartie de l’introduction de mesures d’austérité, se traduisant essentiellement par des coupes dans les dépenses publiques et des mesures de surveillance budgétaire et fiscale. En 2011, la BCE et le FMI ont accordé un second plan de sauvetage (bailout plan), conditionné par l’intensification des mesures d’austérité. Il est vrai que ces mesures ont conduit à la diminution du déficit fiscal de 24.7 milliards d’euros à 5.2. milliards d’euros. Toutefois, la récession en Grèce a eu des effets négatifs, tels que la baisse du niveau de vie des citoyens, la baisse des dépôts dans les banques, de l’instabilité politique.

Les scénarios relatifs à la sortie de la Grèce de la zone euro sont divergeants.

Certains considèrent qu’afin de sauver la stabilité de l’euro, il serait mieux que la Grèce sorte de l’Union monétaire et adopte, en tant que monnaie nationale, la drachme. Cependant, les conséquences d’une éventuelle sortie grecque de la zone euro seraient potentiellement dévastatrices non seulement pour la Grèce, mais aussi pour l’Union monétaire. La drachme serait dévaluée par rapport à l’euro conduisant à une inflation et, vraisemblablement, à une instabilité politique en Grèce encore plus importante que ce n’est le cas actuellement, le PIB grec diminuerait d’à peu près 20% et – chose que l’on oublie – cela n’aura pas pour effet d’effacer les dettes que la Grèce devra continuer à payer à ses créanciers, si ce n’est que ces derniers risquent de perdre une partie des montants de leurs créances, en raison de la dévaluation de la nouvelle monnaie nationale. D’autres experts en revanche, considèrent que l’introduction de la drachme aura un effet in fine bénéfique pour l’économie grecque, dans la mesure où il y aurait un effet incitatif à la production nationale et donc aux exportations. Cependant, il n’y a pas beaucoup d’experts qui considèrent que le ‘renouveau’ de l’économie grecque sera fait du jour au lendemain et la majorité parmi eux s’accorde pour dire que le peuple grec va sans doute sentir les effets de la récession pour encore quelques années.

Le résultat du sommet du 22 juin 2015 a été que la Grèce reste – finalement – dans la zone euro, un nouvel accord résultant de négociations sur sa dette souveraine a été annoncé et la Grèce s’est engagée à adopter de nouvelles réformes qui comprennent un changement du régime de la TVA, une hausse des impôts sur les entreprises qui réalisent un bénéfice supérieur à 500000 euros, une diminution des dépenses militaires. Bien que, pour l’instant au moins, les créanciers grecs ont fait preuve de confiance, ‘l’affaire grecque’ est loin d’être close.

 

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