Photo © École hôtelière Genève
Par Charles Bechar
A la tête de l’École Hôtelière de Genève depuis 2020, Susanne Welle imprime peu à peu son style de management, exerçant un leadership sobre, bienveillant et authentique. Retour sur le riche parcours d’une femme venue du froid.
De sa Norvège natale, elle a gardé un regard clair et déterminé, ainsi qu’un joli accent, plutôt exotique dans nos contrées. Avec son inimitable mélange de simplicité, d’ambition et d’efficacité, Susanne Welle dirige la célèbre École Hôtelière de Genève (EHG), située à quelques mètres à peine de l’entrée du Palais des Nations-Unies, dans la prestigieuse avenue de la Paix.
Une direction qu’elle assume avec un bonheur non dissimulé, après l’avoir entamée sur les chapeaux de roues, lorsqu’une semaine à peine après son entrée en fonctions en 2020, elle a dû prendre la lourde décision… de fermer l’EHG. Nous sommes alors en pleine pandémie de Covid, les conférences de presse du Conseil fédéral sont alarmantes et les autorités cantonales en pleine hésitation sur les directives à adresser aux écoles. Alors, cette mère de deux jeunes adultes, prend ses responsabilités et par précaution, clôt son campus.
Née à Oslo dans une famille aimante qui gère une librairie familiale, – tout le monde y travaillera d’une manière ou d’une autre -, la jeune Susanne, qui a fait ses classes dans une école Steiner, manifeste très tôt un intérêt certain pour le monde de l’hôtellerie. Alors, quant à 20 ans, elle décide de se former dans ce domaine, nul n’est surpris. Sauf qu’elle a vraiment envie de parcourir le monde, d’autant que les meilleures écoles ne sont pas en Norvège.
Ce sera donc dans les Grisons qu’elle posera ses valises, un choix dicté par son excellente maîtrise de la langue allemande et sa proximité – relative – de la Norvège, l’autre option étant… Hawaï. Nous sommes à la toute fin des années 80 et elle découvre alors la Suisse, un pays « loin des clichés de la banque » et qui d’emblée, la passionne par « sa diversité ».
Après trois années d’études passionnantes, dont un long stage à Montreux histoire d’apprendre le français, la voilà embauchée à Interlaken, comme assistante de direction. Pleine d’allant, la jeune diplômée décide ensuite très rapidement, après une année et demie à peine, d’acquérir une expérience à l’international. Durant six ans, elle travaillera alors en Espagne, en Grande Bretagne mais aussi en Norvège, avant de revenir en Suisse au début des années 2000. « La naissance de mon fils et le climat de la Suisse ont joué un rôle dans ce retour explique-t-elle. En tant que Norvégienne, j’aimais la neige, mais j’ai appris à l’aimer principalement dans la montagne », ajoute-t-elle avec humour.
A Montreux, comme souvent, le destin lui tend une de ces perches dont lui seul a le secret : l’école à la réception de laquelle elle travaille, lui propose d’enseigner… l’art de la réception : « Quand une porte s’ouvre, je dis rarement non, sourit Susanne Welle. Avec cette expérience, j’ai découvert le plaisir d’enseigner. Transmettre, travailler avec des jeunes, c’est très valorisant, d’autant qu’en plus, le monde de l’hôtellerie, bien que très exigeant, réserve d’extraordinaires moments de partage et de convivialité ! ».
Bien des années et bien des expériences plus tard, elle choisira de postuler à une offre d’emploi pour la direction de l’École Hôtelière de Genève. « J’ai toujours été attirée par la qualité de cette école, très complémentaire de celle de Lausanne et qui est un vrai petit bijou, avec une réputation d’excellence éprouvée ». Alors qu’elle hésitait à embrasser une carrière académique, sa vie professionnelle prend une nouvelle dimension lorsque sa candidature est retenue.
Depuis, la nouvelle directrice imprime peu à peu sa marque, faite d’un leadership sobre, exigeant, authentique mais toujours à l’écoute de ses quelque 70 collaborateurs : « Mon but n’est pas de briller plus que mon équipe, mais d’avoir plutôt une équipe brillante qui me soutient dans mes priorités, c’est infiniment plus constructif ».
Et d’égrener ses priorités : favoriser l’innovation aussi bien des étudiants que du personnel dans un esprit start-up, s’ouvrir encore plus sur la Cité – hôtels et institutions-, mais aussi à l’international, orienter la formation dans le sens d’un service de qualité et personnalisé, booster le recrutement d’étudiants pour revenir au niveau de l’avant-pandémie, prendre en compte le profil des étudiants de la génération Z qui tendent à accorder une place plus importante à leur vie personnelle…
Autant de chantiers qui poussent aujourd’hui celle qui est jusqu’à présent rarement restée plus de 3 années dans ses différents postes de travail, à se projeter à long terme : « Je me vois bien rester à la tête de cette école jusqu’à ma retraite, avoue-t-elle avec une franchise toute scandinave. Je m’y sens vraiment à ma place avec des résultats qui mettent en valeur le travail de mes collaborateurs et des projets que je peux porter avec ma propre personnalité ».
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