Monde Economique Votre secteur d’activité a souvent été critiqué par les médias sous prétexte qu’il incite les étudiants à la tricherie. Quel est votre opinion sur le sujet et comment vous défendez vous face à ces critiques ?
Thomas Nemet Malheureusement beaucoup de ceux qui nous critiquent ignorent la réalité de notre métier. Nous sommes avant tout une entreprise spécialisée dans le conseil rédactionnel ainsi que l’analyse et la synthèse documentaire. Nous intervenons sur trois marchés, le How to do It, le Help us to do et le do It for us, et notre clientèle se compose pour l’essentiel d’étudiants et de professionnels répartis un peu partout dans le monde.
Pour en revenir aux critiques concernant notre profession, il faut savoir que la plupart des étudiants qui font appel à nos services sont des gens très pragmatiques. Ce ne sont pas des gens qui font des études uniquement pour obtenir un diplôme de prestige. Les étudiants d’aujourd’hui quand ils se lancent dans un cursus universitaire ont un objectif final très claire, acquérir des compétences ou une expertise immédiatement monnayable sur le marché du travail. Et ils savent pertinemment qu’ils n’atteindront pas cet objectif final sans un minimum d’implications personnelles. C’est pour cela qu’ils s’investissent beaucoup dans le processus de rédaction des différents travaux qu’ils confient à nos experts, car ils savent que seul un échange régulier avec un homme de l’art pourra leur indiquer le chemin de la réussite.
Quant aux professionnels qui font appel à nos services, le plus souvent ils sont animés par deux motivations très fortes, la première accélérer leur intégration professionnelle au sein de leur entreprise et la deuxième s’assurer de la fiabilité leur entourage professionnel interne ou externe. En effet il est des entreprises où il règne un tel esprit de compétition entre les collaborateurs, que la formation interne ou sur le tas peut vite devenir un exercice à haut risque.
Monde Economique Aujourd’hui internet est une véritable jungle où il est de plus en plus difficile de trouver des sources d’information fiables si on n’a pas une bonne culture générale. Ce phénomène ne serait-il à l’origine du concept développé par votre société ?
Thomas Nemet Effectivement c’est une triste réalité que nous vivons à notre époque, des médias comme internet sont devenus au fil du temps de vastes espaces de communication commerciale et de manipulation en tout genre. Si l’on en croit les responsables du cabinet Xerfi, cet institut français spécialisé dans les études économiques sectorielles, à notre époque le citoyen qui cherche à s’informer à travers les différents médias à sa disposition est confronté à trois phénomènes, l’infotoxication, l’infobscurité et l’infobésité. A cela il faut ajouter le phénomène des faux contributeurs qui envahissent de plus en plus les espaces de libre expression ouverts par les grands médias sur le net.
Nombreux sont ceux de nos clients qui font appel à nos experts uniquement pour éviter cet exercice des plus chronophages et risqué qui les contraint chaque fois qu’ils collectent des informations sur le net, à les vérifier, trier, filtrer et sélectionner. Essayez d’imaginer les risques auxquelles s’exposent les petites entreprises, qui pour des raisons purement budgétaires, vont collecter des informations sur le net en vue de réaliser une étude de marché.
Cependant à côté de cela je pense qu’il y a une autre raison pour laquelle on fait appel à nous, c’est l’absence de dispositifs de financement de la formation continue au profit des salariés ici en Suisse. Par exemple les salariés qui veulent préparer un diplôme en vue d’évoluer sur le plan professionnel, sont obligés de le faire parallèlement à la poursuite de leur vie professionnelle et de leur vie de famille. Pour un bon nombre d’entre eux étudier dans ces conditions et sans soutien est tellement stressant et épuisant qu’ils abandonnent leurs études en cours de route.
Monde Economique Dans de nombreuses universités on privilégie la compétition à la formation. Ne pensez-vous pas qu’il serait utile d’accorder une place plus importante à des disciplines comme la gestion de projet et surtout la gestion du temps?
Thomas Nemet Oui c’est vrai nous vivons à une époque où l’esprit de compétition est omniprésent. Le contenu des programmes pédagogiques de certaines universités ou grandes écoles est tellement ambitieux et chronophage, qu’il peut inciter une minorité d’étudiants à se doper à l’aide de substances illicites pour tenir le choc. Des fois on se demande même si certaines universités n’ont pas l’ambition, d’envoyer aux jeux olympiques des athlètes de haut niveau en comptant sur l’opération du saint esprit pour parfaire leur préparation. Cette politique on le voit tous les jours a un impact négatif sur la qualité de l’enseignement. La preuve en est, rares sont les universités qui peuvent offrir aux entreprises une main d’œuvre immédiatement opérationnelle. L’esprit de compétition et la peur du licenciement encourage même des collaborateurs à cacher leurs faiblesses, en usant de l’arrogance ou de la langue de bois.
Cette façon de vivre, les moins de trente ans la rejette catégoriquement. Ils sont plus soucieux de leur confort de vie, que les générations précédentes. Les jeunes étudiants sont convaincus qu’ils ne pourront pas développer leurs soft kills s’ils évoluent uniquement dans un microcosme académique. Selon eux leur épanouissement passe avant tout par la création d’un équilibre entre leur vie privée, leur vie estudiantine et les loisirs. Quand ils étudient ils recherchent l’efficacité et le plaisir. La recherche d’efficacité dans le cadre des processus d’apprentissage est l’un des premiers motifs de consultation chez nous. Partant de cette réalité il est évident qu’un apprentissage précoce de la gestion de projet ou de la gestion du temps serait une bonne chose. Mais il ne faudrait pas que cela se résume à l’obtention de certifications, car une certification si elle n’est pas mise en pratique débouche rarement sur une compétence.
Monde Economique Très souvent dans notre société les fils de médecin deviennent médecins, ceci tout simplement parce que leurs parents leur transmettent les secrets de la réussite dans ce secteur. Selon vous la présence de structures comme la vôtre ne serait-elle pas nécessaire pour faciliter le transfert de savoir-faire entre générations ?
Thomas Nemet Forcément puisque nombreux sont les étudiants qui n’ont pas la chance d’avoir un père ou une mère officiant dans les professions qu’ils convoitent. Il y a encore beaucoup de jeunes qui choisissent leur cursus universitaire par effet de mode ou suite à un coup de cœur, et qui s’en mordent les doigts. C’est pour cela que principe de précaution oblige avant de se lancer dans les études il est toujours bon de procéder à une étude de faisabilité. Cela commence par une analyse du contenu pédagogique en vue d’identifier les disciplines où l’on risque d’avoir des difficultés d’apprentissage, et ça finit par des entretiens avec des étudiants et des professionnels du secteur. Le but du jeu étant d’évaluer ses forces et ses faiblesses et surtout
de créer autour de soi un environnement propice à la réussite.
De plus en plus d’étudiants font appel à nous, afin que nous leur indiquions où trouver des MOCCS (Massive Open Online Courses) leur permettant de combler rapidement leurs lacunes avant de commencer une année universitaires. Les études aujourd’hui doivent se concevoir comme un projet d’investissement à long terme. Et tout au long de ce processus d’investissement les étudiants doivent en permanence prendre des mesures pour réduire au strict minimum les risques d’échecs et optimiser leur employabilité.
Monde Economique Nombreux sont en Europe, les diplômés étrangers doués qui n’ont pas l’opportunité pour cause de discrimination d’exercer dans leur domaine de prédilection. Ne croyez-vous pas que votre concept soit une façon de pouvoir les réhabiliter et de leur donner la chance de montrer leurs talents ?
Thomas Nemet Il est fort regrettable que dans certains pays européens on n’ait pas encore compris que la diversité est une source richesse. Le refus de cette évidence a un coût pour la collectivité. En effet chaque fois qu’un diplômé issu d’une minorité visible est exclu du monde du travail, cela engendre automatiquement une pénurie artificielle de main d’œuvre qui elle par voie de conséquence provoque un renchérissement des salaires. A cela il faut ajouter une augmentation des dépenses inhérentes au financement du chômage et du social.
L’autre aspect le plus inquiétant de cette discrimination, c’est qu’elle facilite le travail des directeurs des ressources humaines des organisations criminelles spécialisées dans la délinquance astucieuse qui sévissent sur le net. Ces organisations ont vite compris les avantages qu’elles pouvaient tirer de l’exploitation de ces réservoirs d’expertises inutilisées.
N’oublions surtout pas que tous ceux qui sont détenteur d’une expertise ou d’un savoir-faire particulier, autodidacte talentueux ou universitaires etc.., font partie d’une version élargie de ce que les japonais appellent «le Trésor National Vivant » d’une nation. Et ce trésor nous devons le protéger à tout prix, car il contribue tous les jours à l’enrichissement d’un pays.
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Interview réalisée par Patrice Bièvre