Tourisme tunisien: une industrie à l’épreuve du terrorisme

6 juillet 2015

Tourisme tunisien: une industrie à l’épreuve du terrorisme

Le secteur touristique, en crise depuis la révolution politique de janvier 2011 et la menace jihadiste grandissante ces derniers temps, se trouve à la croisée des chemins.

World Travel & Tourism Council (WTTC), en livrant son dernier rapport sur le secteur touristique tunisien, fait état de 5,51 milliards de dinars (2,63 milliards d’euros) en 2013 comme contribution directe à l’économie de la Tunisie. En incluant l’ensemble des fournisseurs et des acteurs qui dépendent indirectement du secteur, le tourisme pesait 11,44 milliards de dinars (5,45 milliards d’euros), soit 15,2% du PIB en 2013. Climat tempéré, important taux d’ensoleillement, huit sites inscrits au patrimoine de l’Unesco, l’industrie touristique représente 7,3% du PIB et mobilise près de 12 % de la population active. Selon la Banque mondiale, cela équivaut à 3,79 millions de personnes employées dans l’industrie touristique tunisienne en 2014. D’ici 2024, les experts estiment que le tourisme génèrera 3,83 milliards d’euros. Cette industrie est boostée au travers des secteurs hôteliers, des agences de voyages, des compagnies aériennes et autres services liés au tourisme à savoir le transport local des passagers, la restauration, les loisirs.

Selon le ministère tunisien du Tourisme, 6,27 millions de touristes sont venus en Tunisie en 2013. Les visiteurs, majoritairement des vacanciers, sont allemands, italiens, britanniques, français, russes, scandinaves, et surtout canadiens. Ils ont généré près de 6,45 milliards de dinars tunisiens, soit environ 3,07 milliards d’euros de recettes en 2013. Ce qui revient à dire que les touristes étrangers contribuent à hauteur de 58,8% à l’activité touristique du pays, contre 41,2% pour les ménages tunisiens.

Crise du secteur

Au premier trimestre 2015, les recettes touristiques de la Tunisie ont baissé de 6,8 % par rapport à la même période de 2014. Les problèmes structurels (manque de diversité d’une offre centrée sur le balnéaire de masse, accueil, environnement, vétusté de certaines infrastructures) et des attentats perpétrés dans le pays, réduisent à la baisse les activités du secteur touristique. En effet, le terrorisme est la principale cause qui influence le tourisme en Tunisie. Depuis la révolution de 2011 qui a chassé du pouvoir le dictateur Zine Al Abidine ben Ali, la Tunisie fait face à une menace jihadiste croissante couplée avec les bouleversements politiques et les tensions économiques et sociales. En l’espace de trois mois, deux attentats sanglants, revendiqués par le groupe État islamique (EI), ont tué 59 touristes étrangers. Le 18 mars 2015, l’attentat du musée du Bardo à Tunis, perpétré par deux jeunes tunisiens armés, fait 22 morts, dont 21 touristes. Le 26 juin 2015, Seifeddine Rezgui, étudiant tunisien âgé de 23 ans, armé d’une kalachnikov, ouvre le feu sur les vacanciers dans un hôtel de la zone touristique de Port El Kantaoui près de Sousse, à 140 km au sud de Tunis, avant d’être abattu. Au moins 38 personnes, dont un grand nombre de touristes britanniques, ont péri. «Il n’y a plus d’espoir. C’est un coup mortel pour le tourisme», s’est lamenté un tunisien.

Au lendemain de cette attaque de Sousse, on a enregistré le départ en masse des visiteurs. Près de 4.500 touristes «ont fui Tunis» dans une quinzaine de vols affrétés d’urgence par les compagnies aériennes. Certainees compagnies aériennes ont annulé des vols vers la Tunisie jusqu’au 31 juillet 2015. Cela pourrait avoir un impact sur l’économie. Et la ministre tunisienne du Tourisme, Selma Elloumi Rekik, a estimé à 450 millions d’euros, la perte accusée par la Tunisie après l’attentat de Sousse. Si la psychose s’empare du pays, certains hôtels pourraient fermer. Ce qui serait catastrophique pour l’emploi.

Mesures prises

A la suite de l’attentat de Sousse, le gouvernement tunisien a pris de nombreuses mesures pour donner confiance aux touristes. Par exemple, plus de 1 000 agents de la police sont déployés dans les sites touristiques. Les hôtels sont sécurisés, équipés de portiques de détection ; des excursions s’effectuent sous protection. En plus, pour ne pas amplifier les effets des actions terroristes, certains pays comme la France, sous le leadership de l’OMT, n’ont pas émis d’avis de non voyage en Tunisie. Une réaction qui, selon certains spécialistes, permet à l’industrie touristique tunisienne d’espérer que ces évènements n’aient un impact qu’à court terme. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’économie tunisienne demeure solide malgré l’attentat de Sousse.


 

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