Par Laurent Vanat
Le chef d’entreprise dépité qui se trouve dans une situation où tout semble désespérément aller de mal en pis pourrait être tenté de se voiler la face pour ne pas voir la réalité en prenant pour acquis que tout va de toute façon s’arranger. Pourtant, mieux vaut faire franchement le constat que tout va mal et rechercher que faire pour redresser la situation.
La première démarche sera alors d’identifier la base du problème, soit ses causes premières et non ses conséquences directes ou indirectes. Par exemple, une baisse des ventes est rarement une cause en soi des problèmes d’une entreprise. Les difficultés qui peuvent se poser lorsqu’elle se trouve surprise par cette situation sont en fait souvent causées à la base par une absence de capacité d’anticipation de la direction, un mauvais suivi du marché, un manque de contact rapproché avec la clientèle, une baisse de la qualité des produits ou services vendus, une augmentation des délais de livraison. Seule une crise subite sur un marché ou auprès d’un client important constitue un cas pas forcément prévisible. Pour aider le patron à en venir à l’origine de ses problèmes, un œil externe peut être d’un apport utile afin d’assurer recul, indépendance et objectivité.
Cet examen fera sans doute apparaître rapidement plusieurs causes de difficultés. Dans ce cas, il convient de ne pas se perdre dans un recensement exhaustif, mais d’identifier les causes essentielles et de sélectionner celles sur lesquelles l’entreprise dispose des moyens d’action les plus rapides avec un maximum de contrôle direct.
On mettra donc immédiatement en place des mesures en conséquence pour traiter les problèmes à la racine. Les demi-mesures ne sont pas adaptées lorsque « tout va mal ». Sitôt que l’on pourra vérifier que les premières actions ont commencé à porter des fruits, on engagera les suivantes selon les priorités établies.
Pour pouvoir apprécier de l’impact des initiatives mises en œuvre, il est indispensable que l’entreprise dispose d’un outil de contrôle financier performant ou tout au moins d’une comptabilité cohérente et à jour. Bien souvent, une des causes profondes des difficultés provient justement d’une comptabilité incorrecte ou tenue avec 6, 12 ou 18 mois de retard. Ainsi, à titre de seconde illustration, le cas typique de l’entreprise confrontée à une baisse des marges : dans les faits, la baisse n’est pas elle-même le problème de fond. Le problème, c’est que la société n’a pas identifié assez vite cet état en raison d’une comptabilité pas à jour. Sinon, elle aurait par exemple pu ajuster ses prix. On arrive ainsi à des situations où l’entreprise ne se rend compte qu’à la fin de l’année qu’elle vend à perte depuis 12 mois !
Lorsque après la mise en œuvre de diverses mesures, l’entreprise se rétablit peu à peu, il conviendra que son management soit plus vigilant. En effet, souvent des signes avant-coureurs se manifestent déjà bien avant que les difficultés soient aiguës, tels :