Un autre regard sur l’économie camerounaise

8 novembre 2016

Un autre regard sur l’économie camerounaise

Bientôt le Cameroun, le pays des « Lions Indomptables » va être le théâtre d’un évènement majeur, à savoir la phase finale de la Coupe d’Afrique des nations féminines 2016. Il est fort à parier que cette grande messe du football féminin africain qui se déroulera du 19 novembre au 3 décembre 2016 va retenir l’attention de tous les passionnés de football du continent africain et du monde. En tant que seule équipe du bloc francophone qualifiée, les footballeuses camerounaises auront la lourde mission de ne pas décevoir. A chacune de leur apparition elles ne devront pas oublier que depuis la Coupe du monde de football de 1990 en Italie, leur pays est devenu synonyme d’espoir non seulement pour le continent africain mais aussi pour toutes les communautés noires du monde entier.

En effet en conduisant leur équipe les « Lions Indomptables » jusqu’aux quarts de finale de cette grande compétition internationale, chose inhabituelle pour l’époque, le grand Roger Milla et ses coéquipiers ignoraient qu’ils allaient insuffler une énergie nouvelle à tout un continent. Cet évènement a été aussi l’occasion pour le Cameroun d’écrire une autre page de son histoire. Il suffit d’écouter un artiste comme Roger Minka l’un des fondateurs du « groupe Macase pour visualiser ce changement. A l’entendre il semblerait que les camerounais soient devenus des afro optimistes. Les camerounais savent pertinemment que chez eux ce n’est pas forcément bien, mais que s’ils restent chez eux ils pourront forcément contribuer à améliorer leur destin. Preuve évidente de l’évolution des mentalités, contrairement à plusieurs de leurs aînés comme Manu Dibango, après avoir remporté le Grand prix Rfi des musiques du monde en 2001 le groupe Macase a dit non à une carrière en Europe et a préféré rester au pays.

Parmi les indicateurs attestant de cette volonté d’aller de l’avant il y a le bon taux de croissance de l’économie camerounaise qui avoisinait les 5.5% en 2013. Malgré ces performances qui lui ont valu les félicitations du FMI, au Cameroun beaucoup reste encore à faire et le pays ne manque pas d’atouts pour réussir. Il serait opportun que les dirigeants de ce pays profitent de la Coupe d’Afrique des nations féminines 2016, pour apprendre au monde entier qu’au Cameroun il n’y a pas que le football. Il y aussi plus de 23 millions d’hommes et des femmes qui travaillent tous les jours au développement leur patrimoine matériel et immatériel. Ce pays compte dix régions administratives où vivent 136 ethnies dans un esprit de tolérance politique et religieuse. A ce jour on n’y relève aucune tension entre chrétiens et musulmans. Le pays a été colonisé par trois puissances européennes la France, l’Angleterre et l’Allemagne. De cette période il a hérité de trois langues reconnues sur le plan international subtilement utilisées par les jeunes générations pour multiplier leurs possibilités de réussite à l’étranger.

Au pays des « Lions indomptables », faute d’une capacité d’hébergement adaptée, le tourisme est une industrie encore peu développée. Moins d’un millions de touristes visitent le Cameroun chaque année. Et pourtant de l’avis de ceux qui l’ont visité, avec sa diversité de paysage le Cameroun est un délice pour les yeux. Il dispose de plusieurs centaines de kilomètres de belles plages tropicales à l’ouest. Sa partie sud est couverte d’une forêt équatoriale. En partant de sa partie nord on passe successivement d’une région désertique à une zone de savanes pour arriver au Mont Cameroun (4100 mètre d’altitude) après avoir traversé les hauts plateaux occidentaux. En sus de cela le pays possède plusieurs parcs nationaux où tout a été mis en œuvre pour protéger la faune et la flore comme ceux de Waza, Bénoué, Boumba Bek. En matière d’hébergement le pays pourrait rapidement rattraper son retard en encourageant le tourisme chez l’habitant. Des initiatives comme celles prises en 2001 par les femmes du village d’Akokas gagneraient à être généralisées. Des projets comme celui-ci ont le mérite de contribuer réellement à l’enrichissement des populations locales, tout en éliminant les nuisances liées par le tourisme de masse.

Le premier employeur de l’économie camerounaise est sans contexte le secteur de l’agriculture. Ce dernier emploie à lui tout seul près de 60% de la population active et représente plus de la moitié des recettes d’exportation. Malheureusement l’essentiel des produits agricoles exportées sont non transformées (cacao, banane, caoutchouc, café, coton). Pour accroître ses recettes le pays a un besoin urgent de se doter d’usines spécialisées dans la transformation de denrées agricoles suivant des standards de qualité favorisant leur exportation. Par ailleurs le pays doit investir dans la mécanisation de son agriculture en vue d’améliorer sa productivité et de favoriser le développement des cultures vivrières pour atteindre l’autosuffisance alimentaire.

Le Cameroun dispose à ce jour de la deuxième réserve d’Afrique en bauxite et des plus grands gisements en nickel et en cobalt. Selon les experts il n exploiterait que 40% de son potentiel minier. Le développement de ce secteur va nécessiter l’acquisition d’outils de prospections

En matière de développement durable le Cameroun s’est lancé dans un projet de reconnaissance de la profession d’artisans recycleur, avec l’aide de la communauté Européenne. Le projet ISDERA vise à améliorer les conditions de travail des artisans et à professionnaliser leur activité. Tous les jours dans les cités artisanales du Cameroun ces derniers grâce à leur inventivité arrivent à recycler des déchets métalliques en vue d’en faire des bijoux et des ustensiles de la vie de tous les jours. Avec le projet ISDERA ils recevront une formation sur l’hygiène et leur savoir-faire sera recueilli en vue d’en faire des cours destinés à former les générations futures. Avec cette reconnaissance ces derniers devraient mieux vivre de leur travail.

N’oublions pas que pour lutter contre la déforestation les universitaires camerounais ont conçu à partir de déchets alimentaires issus du maïs et de la banane un charbon bio.

 

Recommandé pour vous