Par Laurent Vanat
On raconte ironiquement l’anecdote suivante : un entrepreneur qui avait fait appel à un consultant pour lui demander l’heure obtient comme réponse : « Pouvez-vous SVP me prêter votre montre, je vais vous indiquer quelle heure il est ». Il me semble que cette boutade renferme pourtant deux vérités insoupçonnées.
D’une part, si le patron, sa montre au poignet, fait appel à un consultant pour lui demander l’heure, c’est qu’il y a un problème quelque part. Soit sa montre n’indique plus correctement l’heure, soit il ne parvient plus à voir correctement ! D’autre part, le patron détient lui-même aussi au moins une part de la solution. Il doit donc être impliqué.
De mon point de vue, ceci correspond en fait assez bien au cadre de l’intervention d’un consultant. On décide généralement de faire appel à lui parce que l’on sent que quelque chose ne va plus très bien, même si on ne sait pas encore vraiment quoi. Certains dirigeants d’entreprises sont à ce point engagés dans la gestion quotidienne de leur affaire qu’ils perdent parfois des repères. Soit ils ne savent plus lire les indicateurs qu’ils ont à disposition, soit ceux-ci sont déficients, voire simplement inexistants.
La seconde partie de notre anecdote se réfère à la proximité des solutions. Plutôt que d’importer des solutions précuites et standardisées, il appartient au consultant de montrer au chef d’entreprise qu’il détient lui-même certaines réponses, pour autant qu’il sache en faire usage. Nul consultant ne peut prétendre connaître l’entreprise aussi bien que son patron. Il serait donc prétentieux qu’il substitue sa propre expérience à celle du patron. C’est la combinaison des deux, le sens critique du consultant, sa vision neutre, sa capacité à générer une saine réflexion qui lui permettra de bâtir avec le chef d’entreprise des solutions adaptées. En bref, un consultant joue le rôle de catalyseur de la réflexion.
Lorsqu’il intervient, la situation peut être plus ou moins sereine. Que ce soit pour donner un avis sur les plans d’expansion d’une activité, pour assister dans la préparation d’un business plan, pour réorganiser un département ou pour assainir une société en crise, les circonstances ne sont pas les mêmes. C’est pourtant dans l’entreprise que se trouveront les bases des réponses qu’il pourra préconiser : les atouts existants sur lesquels il pourra construire les solutions qu’on attend de lui. Son expérience, sa perception acérée et sa vision externe lui permettront de les déceler. Son approche méthodique collaborera à les mettre en valeur. Dans ce contexte, il devra exister une corrélation entre le coût de son intervention et la valeur ajoutée pour l’entreprise.
Laurent Vanat
Fondateur et animateur