UNE BONNE REPRESENTATION PARLEMENTAIRE DES MILIEUX ECONOMIQUES EN SUISSE

21 juillet 2016

UNE BONNE REPRESENTATION PARLEMENTAIRE DES MILIEUX ECONOMIQUES EN SUISSE

Le Parlement est considéré comme le coeur même du régime démocratique. Bien qu’imparfaites, examinées sous l’angle de la libre expression du peuple (le « demos ») dans des élections régulières et équitables, les démocraties parlementaires occidentales ont l’air de plutôt bien fonctionner. Seraient-elles pour autant véritablement représentatives de leurs populations ? Et qu’en est-il de la représentation des milieux directement impliqués dans la création de la richesse d’un pays, au sens propre de ce mot ?

A voir de près, il paraît que les deux notions, celle de démocratie et celle de représentativité, ne s’associent pas toujours sans problème. Le problème de la sous- représentation a toujours existé mais, à part ceux qui en sont concernés, il ne semble pas beaucoup préoccuper la grande totalité des citoyens. Pourtant, une représentation faible voire, dans certains cas, pratiquement inexistante, de communautés et de catégories entières de la population dont les problèmes ne sont pas portés dans ce haut lieu de la décision démocratique qu’est le Parlement, peut devenir source de graves déséquilibres sociaux.

Et si cela est vrai pour des minorités ethniques- linguistiques ou socio- professionnelles dont la présence parlementaire est plus qu’incertaine, que dire lorsque des catégories importantes, créatrices actives de la richesse du pays et de son PIB, se trouvent presque minoritaires au sein d’un Parlement ? Le phénomène n’est pas nouveau et il paraît qu’il est particulièrement frappant en France où l’entrepreneuriat connaît une crise de représentation depuis des années, avec un nombre des plus faibles de députés chefs ou responsables d’entreprises. En revanche, l’Assemblée Nationale et le Sénat fourmillent d’enseignants et d’intellectuels de tous bords à qui une France de tout temps admirative de la puissance des « humanités » semble avoir délégué, en toute confiance, jusqu’à la gestion parlementaire- législative de ses destinées économiques. Une tradition bien française dont on doit chercher les origines encore à la Renaissance, veut que les « humanistes » – entendons par là les gens de lettres, de belle expression orale et d’un certain savoir du monde – sont parfaitement qualifiés pour diriger un pays, y compris économiquement. Le seul fait de posséder l’éloquence et le pouvoir de bien formuler les choses les rend, aux yeux des autres, compétents d’agir dans des domaines qu’ils ne connaissent, en effet, que très superficiellement, pour ne pas dire qu’ils ne connaissent pas du tout. Et quand on ajoute à cela le fait que les secteurs primaire et secondaire voire tout un panel du tertiaire – et avec eux, tout le monde des entreprises – représentent des champs peu affectionnés par les « gens de lettres » toujours enclins à les détracter et à les combattre en sourdine, on se rend vite compte que l’économie ne peut trouver une représentation plus inadéquate de ses intérêts. Ainsi, des intérêts très concrets et très spécifiques se voient-ils délégués à des généralistes et des rhéteurs dont l’éloquence est la seule vraie compétence.

Reconnaissons pourtant que la faute n’est pas uniquement aux « généralistes », aux « orateurs » et aux élites intellectuelles qui se sont ainsi emparées de la représentation parlementaire des activités économiques et en particulier – de l’entreprenariat. La vérité est que les entrepreneurs eux-mêmes ainsi que les personnes directement engagées dans les secteurs primaire et secondaire ne se pressent pas massivement pour devenir des députés – et c’est le moindre que l’on puisse dire. Hommes et femmes de l’action concrète, des pragmatiques peu volubiles et en même temps que peu enclins à partager leur temps entre deux activités, ils délèguent volontiers à d’autres la défense des intérêts de leurs domaines d’activité et des besoins spécifiques du monde des entreprises.

Certes, le phénomène ne date pas d’aujourd’hui et il concerne dans un degré plus ou moins grand les parlements de tous les pays d’Europe et de ceux de l’OCDE. Pourtant la Suisse, démocratie directe qui considère comme son « premier citoyen » non pas le président de la Confédération mais celui du Parlement, fait exception à la règle ; son Conseil National, surtout après les Fédérales de 2015, se distingue par une très bonne représentation parlementaire des milieux économiques helvétiques et par un bon équilibre entre celle-ci et la présence d’autres groupes socio- professionnels. Que l’on le veuille ou non, ici on doit reconnaître le rôle de l’UDC comme promoteur parlementaire des secteurs primaire et secondaire – les mêmes qui se trouvent sensiblement sous- représentés dans d’autres pays européens. Le monde rural et paysan (secteur primaire) est pleinement – et même au-delà ! – représenté au Conseil National, ce qui est sans doute dû à sa forte mobilisation politique par le biais du parti longtemps dirigé par Ch. Blocher. Les députés des milieux économiques qui constituent le solide pourcentage de 30% de tous les membres du Conseil proviennent également, dans leur grande partie, des rangs de l’UDC.

Et, chose qui peut servir d’exemple à d’autres démocraties parlementaires : autour des 13-14% de tous les députés siégeant au Conseil National suisse sont des entrepreneurs.

 

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