Une chute des IDE en Arabie Saoudite… des retombées sur la vision 2030

2 juillet 2018

Une chute des IDE en Arabie Saoudite… des retombées sur la vision 2030

La Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED) a publié un rapport sur l’investissement dans le monde qui révèle une régression forte des investissements directs étrangers en Arabie Saoudite en enregistrant seulement 1,4 milliard de dollars en 2017 contre 7,5 milliards l’année précédente et 12,2 milliards en 2012.

Cet effondrement des investissements soulèvent des questions sérieuses sur la viabilité des réformes économiques menées par l’homme fort de l’Arabie Saoudite Mohammed bin Salman (MBS) et la pertinence de la vision 2030 qui représente le grand projet des saoudiens et cherche une indépendance au pétrole par le biais de la diversification.

Ce constat économique est frappant lorsqu’on compare le royaume avec le reste de la région de l’Asie occidentale. Alors que l’Arabie Saoudite représentait environ un quart du total des IDE régionaux entre 2012 et 2016, l’année dernière, elle n’a attiré que 5,6% du total régional.
Les résultats seront inquiétants pour les décideurs à Riyad, où le prince héritier Mohammed Bin Salman s’est efforcé d’attirer des investisseurs internationaux dans le pays pour aider à financer les projets de la vision 2030. . Il s’agit de la création d’un fonds souverain d’investissement de 2000 milliards de Dollars pour pallier la réduction de la rente pétrolière. Pour cela, l’Etat veut vendre a vendu 5% des parts d’Aramco le géant pétrolier du pays, la privatisation de plusieurs établissements publics et le recrutement privilégié de Saoudiens dans le secteur privé et finalement la promotion du secteur tertiaire à travers le tourisme. Le royaume veut accueillir 30 millions de touristes en 2030. De même, le pays s’inscrit dans la voie de l’économie de la connaissance à travers la cité futuriste NEOM au bord de la mer Rouge, un projet transversal qui mêle tourisme, agriculture, industries numériques et nouvelles technologiques avec un coût de 500 milliards de dollars.

Dans ce sens, la nécessité de convaincre les investisseurs étrangers de mettre des fonds en Arabie Saoudite est indispensable. Le gouvernement Saoudien a organisé plusieurs évènements pour mettre en valeur le climat d’affaire dans le pays. Cependant, le classement de l’Arabie Saoudite dans le rapport Doing business fait par la banque mondiale n’a pas pu s’améliorer. Le royaume détient le 94ème rang dans ce classement et 62ème rang dans le classement Transparency pour la lutte contre la corruption ce qui montre que les arrestations de plusieurs princes et hommes d’affaires a miné la confiance avec les investisseurs et a soulevé des questions sur la primauté du droit et la sécurité des investissements. De plus, l’implication forte de l’Arabie Saoudite dans la guerre au Yémen et la crise diplomatique avec le Qatar influence l’attractivité du pays pour accueillir des investissements étrangers.

Selon le FMI, l’Arabie saoudite a connu une croissance économique très faible et elle a enregistré une récession en 2017 avec un déficit budgétaire qui dépasse 53 milliards de dollars. En clair, la vision 2030 souffre de l’absence de l’aspect institutionnel qui assure la gouvernance, le suivi, le contrôle et la transparence. La réalisation de cette vision nécessite l’existence d’énormes ressources financières dont l’Arabie Saoudite manque actuellement à la lumière de ses dépenses croissantes dans des guerres régionales.

En somme, plusieurs critiques s’adressent à cette vision qui apparait un projet politique de manipulation et d’influence plutôt qu’une série de réformes économiques capable de faire changer le pays. Toute opération de réforme exige une volonté politique sincère, une planification précise et un management intégré.

 

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