Par Ann-Katrin Petersen, responsable de la stratégie d’investissement au sein du BlackRock Investment Institute
La BCE a aujourd’hui réduit ses taux d’intérêt de 25 points de base. Une question cruciale pour 2025 sera de déterminer quand et où s’arrêtera le cycle baissier des taux. La hotte du Père Noël ne sera cependant pas restée vide aujourd’hui avec une série de réductions consécutives qui reste envisageable en fonction de l’évolution des données économiques. Christine Lagarde a adopté un ton légèrement accommodant, notamment en retirant de la déclaration de politique monétaire l’engagement selon lequel les taux resteraient « suffisamment restrictifs aussi longtemps que nécessaire ». Cependant, l’incertitude demeure quant à savoir si la BCE fera une pause une fois que le taux directeur aura atteint un niveau « neutre » proche de 2 % à l’été 2025, comme nous le prévoyons actuellement, ou si elle abaissera davantage les taux pour adopter une politique modérément accommodante.
La BCE dispose de plus de marge pour réduire ses taux que la Fed, ayant porté ses taux à des niveaux plus restrictifs et gagné en confiance quant au retour de l’inflation à son objectif de 2 % dès l’année prochaine. Néanmoins, malgré des signes encourageants de reprise de la consommation privée, la zone euro reste exposée à des risques pesant sur la croissance, notamment des éventuels augmentations des droits de douane américains, une fragmentation géopolitique croissante et des incertitudes politiques dans certains États membres de la zone euro.
Compte tenu des pressions persistantes sur l’inflation, nous estimons qu’une forte détérioration économique serait nécessaire pour que la BCE envisage des baisses de taux plus significatives et les ramène bien en deçà du niveau neutre. Ce cycle de baisse des taux ne ressemble pas aux précédents. Il est également different de l’époque où l’inflation était systématiquement inférieure à l’objectif de 2 % et où la politique monétaire était très accommodante. Avec un marché du travail toujours tendu et une productivité faible, les pressions domestiques pourraient maintenir l’inflation près ou au-dessus de 2 %, comme le reflètent les projections d’inflation de la BCE pour 2027. Nous pensons que la croissance des salaires continuera de ralentir, mais l’inflation dans les services reste trop élevée, à environ 3,9 % en novembre.
Pas de surprise de Noël pour les marchés.
Les marchés anticipent déjà des baisses consécutives des taux, ramenant le taux directeur légèrement en dessous du niveau neutre au second semestre 2025. Les investisseurs doivent garder une vision d’ensemble : même à proximité du niveau neutre, les taux resteront structurellement plus élevés qu’avant la pandémie, soutenant ainsi l’attractivité des revenus fixes. À court terme, nous privilégions les revenus issus des obligations et crédits à court terme de la zone euro, tout en restant neutres tactiquement sur les obligations gouvernementales de long terme. Nous continuons de favoriser les actions américaines par rapport à celles de l’Europe, grâce à des résultats d’entreprises plus solides et à la thématique de l’intelligence artificielle, mais nous identifions des opportunités au niveau sectoriel ou des entreprises en Europe.
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