La numérisation est sur toutes les lèvres – on s’attend à de grandes transformations dans presque toutes les branches de l’économie suisse. Dans l’industrie laitière, ce passage à l’ère du numérique est déjà en marche depuis de nombreuses années. La fabrication sans outil numérique est désormais impensable dans l’industrie et dans l’artisanat fromager. Car l’efficacité est écrite en lettres d’or: cela s’applique également aux petites fromageries qui vendent leurs produits novateurs uniquement au niveau local ou régional. Hans Aschwanden, président de la Société Suisse d’Industrie Laitière, responsable également de la formation initiale et de la formation continue des métiers de technologues du lait et d’employés en industrie laitière, déclare : «Aujourd’hui, les connaissances en laboratoire, en utilisation et en gestion des installations les plus variées font naturellement partie de la formation. À l’avenir aussi, les technologues du lait en auront besoin. Car outre les compétences techniques et le travail artisanal, de très bonnes connaissances sur la matière première sensible qu’est le lait, sont indispensables. Celui-ci n’est jamais le même: afin que les produits aient toujours la même saveur, il faut des mesures ciblées. Ceci est d’autant plus difficile que les types de fromages suisses sont fabriqués en grande partie sans aucun additif. Le naturel est le maître-mot dans notre secteur. C’est la raison pour laquelle on aura encore besoin de technologues du lait dans plus de 30 ans. Il est fort probable que leur quotidien se transformera, mais, leurs connaissances et compétences continueront d’être nécessaires et sollicitées.»
Une relève enthousiaste Toute personne qui visite une fromagerie ou une industrie laitière et qui regarde les spécialistes travailler, ne voit que des yeux brillants et des visages satisfaits. Fabriquer des produits laitiers rend heureux et on le constate également sur les différentes vidéos d’entreprise sur technologue.ch ou sur facebook.com/technologuech. Ce fut également le cas lors de la cérémonie de remise des diplômes de cette année. La quatrième cérémonie vient juste d’avoir lieu à l’Institut agricole de l’État de Fribourg, à Grangeneuve. Les diplômés suivants ont obtenu la mention «très bien» de la Société Suisse d’Industrie Laitière avec une note supérieure à 5.3: Frenky Chuard de la Fromagerie Ballaigues, Luca Gonzalez de la Fromagerie Haut-Jorat à Peney-le-Jorat, Bodgan Maftei de St. Antoni, Noé Maillard de la Fromagerie régionale Ursy et Maxime Pittet de la Fromagerie de Marsens-Vuippens. Maxime Pittet a obtenu encore d’autres distinctions. Le canton de Fribourg l’a distingué comme meilleur apprenti d’une entreprise du canton de Fribourg. Le centre de formation de Grangeneuve lui a décerné une mention spéciale pour son investissement personnel.
Markus Ith et le 1er vice-président du grand conseil, ont félicité les nouveaux diplômés que le «marché attend avec impatience». Markus Ith a confié : «Votre choix professionnel me conforte dans l’idée que vous avez envie de produire pour la population des produits de grande qualité issus de la nature et en adéquation avec la nature, de contrôler et de garantir leur qualité. Pour cet engagement et les tâches associées qui souvent sont peu visibles dans le processus de production, je vous remercie et vous souhaite beaucoup de courage et de satisfaction». Markus Ith a reconnu sa grande passion pour le fromage en avouant : «J’ai donc une affinité particulière pour le fromage et je suis toujours surpris de constater combien de nouveautés arrivant sur le marché parviennent à gagner leur place. Dans cet esprit, je vous encourage donc de rester des innovateurs ou de le devenir. Innovateurs, non seulement dans le domaine des fromages, mais aussi, dans tous les produits laitiers.» Il a recommandé d’accorder une grande valeur aux diplômés et à la formation continue. Il est important ,non seulement d’apprendre les nouvelles tendances et d’accepter les transformations, mais aussi d’y contribuer activement.
Nous avons interrogé quelques diplômés de Suisse Romande sur ce qui a suscité leur vocation, ce qui les enthousiasme et ce qu’ils feront plus tard.
Brefs portraits de technologues du lait
«C’est quand j’ai vraiment fabriqué du fromage que j’ai su quel métier je voulais faire» Luca Gonzalez habite à Mézières, Fromagerie Haut-Jorat, 1059 Peney-le-Jorat VD (Note 5.3) Luca Gonzalez a suivi sa formation de technologue du lait à la Fromagerie Haut-Jorat, dans le canton de Vaud. Il a choisi ce métier parce que son grand-père était agriculteur et qu’il a suivi son travail avec intérêt. Quand il a pu un jour fabriquer lui-même du fromage, il s’est dit : «Pourquoi pas? J’ai effectué ensuite plusieurs stages dans ce domaine et je me suis finalement décidé pour ce métier», explique Luca Gonzalez. Ce qui me fascine le plus, c’est le processus complet de fabrication des différents produits laitiers qui ensuite, sont vendus. «Grâce aux différentes possibilités de formation continue, je vois d’excellentes opportunités dans cette branche», déclare-t-il. On peut ainsi aller, par exemple, dans une école pour
cadres de l’industrie agroalimentaire ou obtenir une certification de commerçant fromager, ceci suite à avec l’examen professionnel supérieur avec diplôme fédéral. D’ici trois à cinq ans, il souhaiterait obtenir le diplôme de maître fromager et être son propre patron.
«J’aimerais continuer à gérer avec succès la fromagerie de mon père» Frenky Chuard (37 ans), habite à Epautheyres, Fromagerie Ballaigues, 1338 Ballaigues VD (Note 5.3) Frenky Chuard a effectué son apprentissage à la Fromagerie Ballaigues. Comme son père possède une fromagerie dans le village, le choix de son métier s’est fait tout naturellement : «Un jour, j’aimerais reprendre la fromagerie de mon père», déclare Frenky Chuard. Ce qui lui plaît particulièrement dans son métier, c’est de pouvoir mettre en pratique le savoir-faire acquis et d’avoir un bon contact avec les clients. Afin de reprendre d’ici trois à cinq ans, la fromagerie de son père, Frenky Chuard aimerait passer l’examen professionnel supérieur avec diplôme fédéral. «Je suis fier que mon père soit si innovant et qu’il ait construit une fromagerie répondant à des normes strictes. J’aimerais continuer de gérer avec succès sa fromagerie en suivant ce principe».
«Chez nous, on a de la chance» Maxime Pittet (18 ans) de Bulle, Fromagerie de Marsens-Vuippens à 1633 Marsens (Note 5.3) Maxime Pittet a fait son apprentissage de technologue du lait à la Fromagerie de Marsens-Vuippens, une fromagerie artisanale de grande tradition. Depuis plus que 15 ans, le maître fromager Marc-Henri Horner, dirige la petite entreprise fribourgeoise qui s’est transférée, quelques années plus tard, de Vuippens à Marsens. C’est aussi là que Maxime Pittet travaille dans la production de fromages comme le Vacherin fribourgeois AOC, selon une ancienne recette redécouverte par son patron. A l’origine, il voulait devenir paysan, mais après un stage dans la fromagerie de Marsens, il a choisi le métier de technologue du lait. «Comme mes oncles ont des prés, on fait déjà des tommes et on peut dire que j’ai un peu grandi dans le milieu de la fabrication du fromage. Et puis, je trouve que dans les fromageries artisanales, on est proche du monde agricole et ça me fait plaisir», raconte le jeune homme de dix-huit ans. Maintenant, il est passionné de fabrication de fromages et du métier lui-même : «Chez nous, on a de la chance. On fait du beurre, on fait du Gruyère, du Vacherin, du Sérac, du lait pasteurisé, de la crème double, du yogourt. On fait vraiment beaucoup de produits laitiers, c’est varié et ça me plaît.» Maxime Pittet aime aussi le déroulement de la journée à la fromagerie, se lever tôt le matin et avoir du temps libre l’après-midi. Même dans ses loisirs, Maxime Pittet aime être proche de la nature et des traditions : il s’occupe de huit moutons et il joue de l’accordéon. Maxime Pittet a déjà un plan pour son avenir. Il rêve de devenir fromager de montagne.
«Fabriquer un produit laitier complètement nouveau dès la modification d’un facteur» Noé Maillard (18 ans), originaire de St-Martin, fromagerie régionale Ursy, 1670 Ursy FR (Note 5.3) Noé Maillard a fait son apprentissage comme technologue du lait dans la Fromagerie régionale d’Ursy. Comme sa mère est agricultrice, elle connaît déjà depuis toute petite la fabrication des différents produits laitiers. «J’ai fait tout d’abord un stage dans ce domaine. Cela m’a tellement plus que je me suis immédiatement décidée pour ce métier», explique Noé. Voir comment le lait devient du fromage ou comment on fabrique un tout nouveau produit dès la modification d’un facteur la fascine particulièrement. Grâce aux nombreuses possibilités de formation continue dans la branche, il voit pour lui beaucoup d’opportunités pour l’avenir. «Je pourrai, par exemple, ouvrir ma propre fromagerie».
«Dans cette branche, on trouve toujours du travail» Gaëlle Bourgeat (22 ans), Fromagerie Landes, 1347 Le Solliat VD Gaëlle Bourgeat a effectué son apprentissage comme technologue du lait dans la Fromagerie Landes au Solliat. Ce qui lui plaît dans son travail, c’est de voir comment un produit liquide peut être transformé en un produit solide. De plus, ce travail lui donne une sécurité : «Dans cette branche, on peut toujours trouver du travail», dit-elle. Après son apprentissage, elle pourra continuer à se former ou travailler dans une entreprise afin d’élargir son horizon. «En hiver, j’aime particulièrement la fondue. Être avec des amis, c’est toujours très agréable», déclare-t-elle, tout en avouant son penchant pour le fromage.
«Acquérir de nouvelles connaissances, ce sont de nouvelles opportunités en perspective» Jonathan Petit (31 ans), originaire de Romont, Fromagerie La Sionge, 1625 Sâles FR Jonathan Petit vit à Romont et a effectué son apprentissage comme technologue du lait à la Fromagerie de La Sionge. Ce qui l’attire surtout dans ce métier, c’est l’aspect physique et l’appropriation constante de nouvelles connaissances. «Grâce à de nouvelles connaissances, on a de nouvelles opportunités», explique-t-il.
«Avancer dans le monde professionnel» Olivier Esseiva (18 ans), Fromagerie, 1626 Rueyres-Treyfayes FR Olivier Esseiva a appris le métier de technologue du lait dans la Fromagerie de Rueyres-Treyfayes. Il a choisi ce métier en raison de son environnement: Sa cousine est agricultrice et fabrique entre autres des fromages. «Même si je voulais devenir tout d’abord agriculteur, j’ai décidé ensuite d’être technologue du lait», déclare Olivier. Ce qui lui plaît particulièrement dans son travail, c’est de voir comment on transforme le lait. «C’est fou tout ce que l’on peut faire avec cette matière première». Outre sa formation de technologue du lait, il souhaiterait également suivre une seconde formation d’agriculteur. Il pourra ainsi tirer profit des deux formations et avancer dans son environnement professionnel. «Je peux travailler dans de grandes industries ou dans des petites fromageries», indique-t-il, ainsi s’offrent à lui deux possibilités. D’ici trois à cinq ans, il souhaiterait avoir terminé son second apprentissage comme agriculteur et l’associer à son futur métier de technologue du lait.
«Comprendre le traitement complet du lait» Sébastien Oberson, Fromagerie, 1646 Echarlens FR Sébastien Oberson a effectué son apprentissage comme technologue du lait dans la Fromagerie d’ Echarlens. Pour lui, il est important de comprendre le processus complet de la production et de pouvoir différencier les types de fromages. «C’est pour moi la seule façon de faire et de vendre moi-même du fromage», dit-il. Il voit dans cette branche un avenir assuré: «Une fois les formations continues terminées, nous pouvons aller dans une fromagerie ou une entreprise industrielle et y travailler, par exemple, comme chef d’une équipe de production». D’ici trois à cinq ans, il souhaiterait être encore plus professionnel afin de gérer lui-même une fromagerie.
«Le métier m’a choisi» Dodzi Tsolenyanu (32 ans), originaire de Bulle, Fromagerie, 1661 Le Pâquier-Montbarry FR Dodzi Tsolenyanu a effectué son apprentissage comme technologue du lait dans la Fromagerie de Pâquier-Montbarry. Il affirme que c’est le métier qui l’a choisi, pour la raison suivante : «Comme je voulais continuer à me former, j’ai simplement envoyé mon curriculum vitae à la fromagerie et j’ai immédiatement reçu une réponse. Je me suis dit : pourquoi pas?». Ce qui fascine le plus Dodzi Tsolenyanu dans son travail, c’est que l’on peut tout faire avec le lait: «La transformation du produit brut en différents produits finis des plus divers est très intéressante». Comme cette branche a de nombreux liens avec l’industrie agroalimentaire, il voit de nombreuses opportunités pour trouver du t
ravail dans différents secteurs. Il aimerait d’ici trois à cinq ans continuer à travailler dans la fromagerie et se former, par exemple, en poursuivant ses études.
«On ne peut certes pas prédire l’avenir, mais on sait que l’on aura toujours du lait» Laura Torti (19 ans), originaire de Bourrignon, Fromagerie Bourrignon, 2803 Bourrignon JU La jeune Laura Torti a appris son métier de technologue du lait à la Fromagerie Bourrignon. Elle a opté pour le métier de technologue du lait parce qu’elle aime créer quelque chose de ses mains et pouvoir travailler en interdépendance avec le monde de l’agriculture. Ce qui lui plaît particulièrement dans ce métier, c’est de pouvoir commencer tôt le matin et d’avoir terminé sa journée tôt dans l’après-midi. «L’ambiance dans la laiterie est fantastique», déclare-t-elle conquise, et d’ajouter que ce métier lui plaira toujours même dans le futur: «Comme il y aura toujours des agriculteurs et du lait, je pourrai toujours continuer à me former et apprendre de nouvelles choses passionnantes», dit-elle. Certes, elle ne peut pas encore savoir précisément où elle sera d’ici trois à cinq ans, mais, elle aimerait bien travailler dans un alpage et continuer à fabriquer des produits laitiers.
Technologues du lait – Swissness en tant que métier Lors du cursus de trois ans pour devenir technologue du lait, les jeunes apprennent la fabrication de multiples produits innovants à base de lait suisse. Nous mettons l’accent sur le côté naturel et sain des produits car c’est une des raisons de leur très grande qualité et de leur notoriété dans le monde entier. Qu’il s’agisse des centaines de sortes de fromages, raclette ou fondue, milk-shakes, yogourts, «Caffè Latte», glaces ou desserts comme la crème brûlée ou la mousse au chocolat, la fabrication conserve aujourd’hui encore un soupçon de magie. Car le lait est un produit naturel périssable qui se transforme par un traitement en un délice de longue conservation. De nombreuses fromageries sont des bijoux de l’artisanat fromager. Les quelques 500 fromageries sont souvent situées dans des lieux idylliques et cela crée une atmosphère de vacances. Les technologues du lait trouvent également dans les entreprises suisses leaders comme Cremo, ELSA, Emmi et Nestlé de belles perspectives d’avenir. Et dans le monde entier, les technologues du lait suisses sont des collaborateurs très convoités. Ils continuent de se former pour obtenir le brevet fédéral, puis le diplôme fédéral en industrie laitière (maître fromager ou maître laitier). En tant qu’entrepreneur, ils /elles prennent la responsabilité des produits – de l’invention jusqu’au marketing et la vente en passant par la fabrication. Ils témoignent de leurs compétences sociales au contact des clients, des fournisseurs et des membres de leur équipe. L’industrie et le commerce offrent de nombreuses possibilités de carrière. Les cadres sont également très recherchés. |